Rapports :
SCP-287-FR : Le hamster assoiffé de puissance
Contes :
Confessions d'un vieil homme
Je l'ai fait pour les enfants
Pour l'Amour du Chant. Partie I : Table Rase !
Formats GdI
Chants de dissension
Reine Noire Déborah, il faut qu’on parle.
Ici la Reine Noire Blanche, pour vous servir mes petites sœurs.
S a l u t , R e i n e N o i r e V a p e u r e s t p a r m i v o u s .
Bonjour, ici Reine Noire Andro, c’est ma première fois ici.
Depuis ma réalité, moi, Reine Noire Démiurge, espère vous être utile.
Référentiel
Il y a une menace pour notre organisation. Bien que je ne sois pas sûre de mes données, il faut régler ce problème maintenant. J’ai déjà perdu le contact (de manière définitive je le crains) avec plusieurs petites sœurs. Je te demande pardon ? Nous sommes face à une entité, ou tout du moins un phénomène tueur. Sa cible, c’est nous. N o u s ? L e s i t é r a t i o n s d e l a R e i n e N o i r e ? Exact. F â c h e u x . . . Laisse-la parler, ça semble grave. Ça l’est. Nous étions un groupe de recherche d’une dizaine de petites sœurs, et elles ont cessé d’émettre une à une. Je suis la dernière, aussi j’ouvre cette discussion afin que nous puissions mener l’enquête sur ce qui est arrivé. J’ai peur d’être la prochaine. C’est ultra flippant… Ça arrive souvent ? Non, ça c’est inédit. Désolée, on dirait que tu n’as pas de chance. Tu peux te retirer du dossier si tu veux. Ça ira.
Prérequis
Aucune idée, nous ne savons pas à quoi nous faisons face. S i t a n t e s t q u ‘ i l y a i t b i e n q u e l q u e c h o s e . . . Dans le doute, je préfère rester prudente. Continuons.
Utilité
Pour l’instant considérons la chose comme une menace qui doit être découverte, comprise et détruite. N’envisageons pas tout de suite sa destruction, qui sait, ce que nous cherchons est peut-être très utile. Tu parles comme quelqu’un de la Fondation. La quoi ?
Vulnérabilité
Il va surtout falloir chercher à remplir cette entrée-là. Fais-nous parvenir les coordonnées des présumées victimes s’il te plait. J’irais mener l’enquête sur place. B o n n e i d é e . M o i a u s s i j e v a i s j e t e r u n oe i l a u x « s c è n e s d e c r i m e . » Oui, répartissons-nous le travail. Je ne risque pas d’être un boulet ? E n c o r e u n e f o i s p e r s o n n e n e t ’ o b l i g e à q u o i q u e c e s o i t . Je veux savoir. Bien. Cesse de douter de toi et ne te laisse pas paralyser par la peur. Je vais rester à la bibliothèque, si quelque chose arrive je peux mobiliser d’autres petites sœurs sur ce dossier. T i e n s b o n . Merci. Je vous envoie les données.
Instance : Ligne Temporelle A-064:
J ’ y s u i s . R i e n d ’ e t r a n g e . C o n t e x t e D é b o r a h s ’ i l t e p l a î t . Reine Noire Alice, une aide précieuse sur de nombreux dossiers. Elle a été la première à… ne plus émettre. Est-ce que quelque chose sortant de l’ordinaire s’est produit avant l’incident ? Je regarde à nouveau le dossier. Mh… troublant. En relisant bien, sa dernière phrase arrive dans la discussion comme un cheveux sur la soupe. C ’ e s t - a - d i r e ? On échangeait sur les méthodes de localisation des pères, quand elle a soudain ajouté au dossier : Maman me manque, pas vous ? Ah. Triste. C ’ e s t s u r t o u t c u r i e u x . J e r e g a r d e s e s é c r i t s . J e c o m p l è t e r a i c e t t e e n t r é e s ’ i l y a q u o i q u e c e s o i t q u i r e t i e n n e m o n a t t e n t i o n .
Instance : Ligne Temporelle H-939:
Rien de bien remarquable. Les affaires de notre petite sœur sont bien rangées, ses notes organisées, l’appartement est propre. Reine Noire Planeswalker, je la connaissais mal mais… Attends ! Ses dossiers sont encore ouverts ! Quelque chose est en train de s’écrire dessus. Je vais voir. Merde, c’est écrit… Maman me manque, pas vous ? Exactement comme Alice. Ça vient de s’écrire sous tes yeux ? À l’instant. Démiurge ne reste pas là putain ! Attends, tu peux voir ou sentir quelque chose dans le coin ? Je suis morte de peur oui ! Je m’en vais, désolée. Mets-toi en sécurité je… je prends le relai. Sois prudente.
Instance : Ligne Temporelle W-091:
Tu arrives chez Reine Noire Thassilon. Je ne sais même pas quoi chercher… Concentre-toi. Des notes, probablement similaire aux tiennes. Comment est le lieu ? Sombre, ça sent un peu mauvais. La mort ? Non les endives… Haha… désolée c’était nerveux… Andro, on sait que c’est ta grande première et que la situation craint, mais pitié, applique-toi. Je fais ce que je peux, ok ? Tu nous as mises dans la merde et moi, avec mes quarante minutes d’expérience j’ai l’impression d’être un unijambiste à un concours de coup de pied au cul figures-toi ! Hey je… Calmez-vous ! Andro, respire. Si ça dérape je viens te chercher immédiatement, d’accord petite sœur ? Déborah, s’il te plait, on est toutes sur les nerfs, toi la première, mais c’est toi qui diriges ce dossier alors montre l’exemple d’accord ? Oui, désolée. Poursuivons, on a déjà perdu assez de temps. D’ailleurs de mon côté aussi… Ici aussi ça finit par la même phrase. Je confirme. Par contre, de quoi elle parlait avant ? De la Fondation, une puissante organisation dans laquelle les pères sont souvent impliqués et… Ok, super, rien à voir. Il y a plusieurs lignes où elle se signale, comme quoi vous ne répondriez pas. Des phrases comme : Les sœurs ! C’est pas drôle, répondez quoi ! Soit ça soit des énervements contre de potentielles interférences. Je lis une peur croissante. Les sauts de lignes sont de plus en plus fréquents, les phrases de plus en plus brèves : C’est dans les murs. La lumière ne le chasse pas. Merde merde merde… rien de tout ça n’apparaît. Des élucubrations sur plusieurs lignes, c’est de plus en plus incohérent. La plage est silencieuse sous la nuit. Je me balade. Le vent souffle, et je ne les entends pas, même s’ils sont là. Il y a des choses mortes dans l’eau. Ça se termine par la dernière phrase : Maman me manque, pas vous ? Attends… Vapeur ? Oh non… Andro je pars pour la ligne temporelle suivante, rejoins-moi là-bas. Vite.
Instance : Ligne Temporelle T-200:
C’est bon elle est avec moi, elle a besoin d’une pause. Quant à moi je suis sur les lieux. Cette sœur-là c’était Chao-Baozi n’est-ce pas ? Exact, une connaissance ? Mon premier contact avec une d’entre nous. J’entame la recherche. Très bien, j’essaye d’établir le contact avec du renfort. Il va falloir qu’on soit plus nombreuses et plus prudentes. Fais chier… Vapeur… J’aurais dû rester chez moi… Ne dis pas ça. On est plus fortes ensembles, et ça c’est vrai dans tous les univers. Pfff… niais, chiant. Oui, je me relis et je trouve aussi. Merci quand même. J’ai envie de devenir comme vous autres : assurée, professionnelle, méthodique… Ces choses viennent avec le temps. Allons concentrons-nous. Du nouveau Blanche ? Tout est conforme à ce qu'Andro rapportait sur la précédente. On dirait une plongée dans la folie. Je ne vous citerai pas les extraits, c’est vraiment… bref, on n'a pas besoin de ça. Il y a peut-être des indices importants là-dedans. Je t’en prie fait un effort. Blanche ? Blanche tu réponds ? Andro au rapport s’il te plait ! Maman me manque, pas vous ? Nom de Dieu ! Pas toi aussi Démiurge ! Déborah je suis désolée… j’ai rien pu faire. Andro que se passe-t-il !? Ils ont eu Blanche aussi ! Les vagues ! Elles les apportent ! Quoi ? Décris la situation, je t’en prie ! Je peux pas rester, il faut que je sorte ! Tous leurs yeux ! TOUS ! Il y a vraiment des choses mortes, et elles rampent ! Je dois m’échapper, je suis désolée ! Maman me manque, pas vous ?
Instance : Ligne temporelle U-187
Je suis là, tu me reçois ? Oui. Les autres… elles ont toutes été… Tu as essayé de contacter des renforts ? Jusque là ça ne donne rien. Nous sommes seules. Déborah, à propos de ce qui s'est passé avec Blanche… Malheureusement nous n'avons pas le temps de la pleurer, ni elle ni les autres… Dis moi vite ce qui est arrivé, ces informations doivent être consignées. Elle était là, à chercher dans les fichiers de Chao-Baozi. Tout à coup, la machine a commencé à s'emballer. L’écran semblait de plus en plus sombre. C'est là que le liquide a commencé à couler Hein ? Une sorte de poix, qui dégoulinait depuis le moniteur, comme si ça venait de derrière l’écran. Ça coulait à nos pieds, on était engluées. On a essayé de s'en extirper, et finalement c'est Blanche qui m'a tiré de là. J'ai voulu l'aider à mon tour mais elle avait déjà disparu. Je te promet que j'ai essayé… Bon sang ces images qui reviennent… C'est toujours comme ça ? C'est ça être une Reine Noire ? C'est dégueulasse… Moi j'ai jamais bien vécu l'absence de mon père, mais pourquoi il a fallu que d'autres versions de moi prennent ça comme prétexte pour m'entraîner dans ce genre d'horreurs, hein ? Tu l'as la réponse à celle-là ? Maman me manque, pas vous ? Seigneur… alors toi aussi…
Instance : Ligne temporelle A-000:
Je suis la dernière. Je reste terrée à la Bibliothèque. Malheureusement je ne croise personne, pas une sœur en vue. Personne ne rejoint le dossier malgré les appels précédents. Est-ce que tout le monde s’est déjà fait… attraper ? Faute de meilleur terme… Je dois me préparer au pire. Je crois que ce n’est rien de moins que le pire qui m’attend. J’ai une arme à feu, quelques balles, au cas où… au cas où mes efforts soient inutiles. Je ne veux pas souffrir. Je ne veux pas mourir. Si quelqu’un lit ceci, à l’aide. Pitié…
Je reprend mes notes, quelques heures se sont écoulées, j'ai dormi. J'ai toujours aussi peur. Si quoi que ce soit arrive, je décrirai tout en temps réel. Si pour une raison ou pour une autre les derniers écrits de mes consœurs n'arrivaient pas jusqu'à la Bibliothèque, le problème ne devrait pas se poser puisque j'y suis déjà.
Je perd la notion du temps. Je suis peut-être là depuis une journée maintenant.
J'entends des bruits ça et là, des chuchotement je crois. J'essaye de ne pas y penser. J'ai beaucoup de lecture ici.
C'est moi où il fait de plus en plus froid ?
Je peux à peine bouger. Je dois garder des forces pour écrire la fin.
Il arrive. La poix coule du plafond et ruisselle sur moi. Ça colle. Ça brûle. Les mains, les yeux, tout émerge. Il traverse le tissu de l'espace pour me trouver. Il a senti mon odeur. Son rire résonne. C'est le diable en personne. Ce n'est pas une personne. Il est là. Ses mains sont sur moi. J'ai mal. Couvert d'yeux. Rouge. Ses dents. Je m'enfonce. Rire. J'ai mal. J'ai mal. J'ai de moins en moins mal, mais je fond je crois. Je vais mourir. Je vois sa forme noire assise sur moi. Les choses mortes sont avec lui. Ces dents, ce sourire. Ce maudit sourire.
J'aurais préféré être à la maison. Partager un dernier thé avec maman. J'aimerais qu'elle me fasse un dernier bisou avant que je m'endorme. Les autres aussi ont peut-être pensé à ça avant qu
Maman me manque, pas vous ?
La chambre anéchoïque qui lui servait de cellule était très difficile à vivre. Pour commencer, elle semblait étroite. Les dièdres émergeant des murs faisant chacun au bas mot un demi-mètre de long et amenuisaient drastiquement l’espace disponible. Mais leur véritable effet était bien plus pernicieux : la réduction du bruit. Aucun son ne lui parvenait de l’extérieur et tous ceux qu’elle produisait lui semblaient "maigres", trop creux ou trop brefs. Sa propre voix lui paraissait parfois être celle de quelqu'un d'autre, et elle en avait presque peur de parler. En revanche, si elle laissait le silence s’installer, elle croyait devenir folle : les battements de son cœur devenaient assourdissants comme des tambours, le bourdonnement de son sang lui paraissait être un rugissement et ses sens lui hurlaient de se boucher les oreilles. Elle avait essayé : le bruit était toujours là. Elle était le bruit.
Passée une nouvelle nuit agitée, elle inspecta une énième fois le matériel qu’elle avait à disposition : le calepin et les pastels, l’horloge digitale, deux livres qu’elle avait déjà fini et au pied de son sommier en aluminium se trouvait soigneusement plié un change, identique à la combinaison orange qu’elle portait depuis son arrivée. Elle chercha du regard d’éventuelles caméra de surveillance. Toujours rien qui y ressemblait. Elles devaient simplement être bien cachées. Frustrée, elle retourna s’asseoir sur sa couchette.
Somnoler. Comater. Penser.
Se souvenir.
♪
Lapadite s’était levé de sa chaise après avoir donné ses derniers ordres et s’en était allé. Le garde, un certain agent Bayard à en croire les mots du docteur, lui avait ensuite, dans un silence de plomb, tenu compagnie pendant de longues minutes. Puis on avait toqué. Une jeune femme, également en blouse, un peu débraillée était alors entré. D’une voix mal assurée, ses yeux plantés dans ceux d’Elise, elle s’était présentée :
- A… Assistante Blanche Schneidder, enchantée.
Elise fut un peu surprise par le contraste entre cette nouvelle venue et son précédent interlocuteur. Néanmoins elle trouva cette personne plus rassurante. Elle hocha la tête, faute de pouvoir répondre.
- Je seconde le Dr Lapadite dans son travail et il m’a envoyé auprès de vous afin de vous briefer sur votre…
Une légère hésitation, elle cherchait ses mots.
- Votre nouvelle vie, finit-elle par dire.
Alors qu’elles progressaient dans les couloirs gris éclairés au néon, toujours sous la surveillance attentive de l’agent Bayard, l’assistante Schneidder poursuivait d’interminables explications dont Elise n’avait jusqu’alors pas écouté grand-chose :
- En clair, nous avons de bonnes raisons de penser que quelqu’un, notamment ce R, vous aurait modifié d’une façon ou d’une autre pour donner à votre voix un puissant effet mémétique de persuasion. Ah, si vous n’êtes pas coutumière de l’anormal, mémétique ça veut dire que ça affecte les idées, pour dire les choses très grossièrement.
La situation paraissait désespérée aux yeux d’Elise. Alors quoi ? Elle devrait passer le restant de ses jours enfermée dans ces locaux sans avoir le droit d’émettre la moindre vocalise ?
- Enfin, poursuivit Schneidder, on va essayer de rendre votre séjour confortable, dans la mesure du possible. Sitôt que nous auront confirmé l'hypothèse selon laquelle votre voix n’affecte les esprits que par le chant, nous pourrons radoucir votre procédure confinement.
La suite avait été pénible. Des tests, pendant plusieurs jours. Un agent entrait dans sa cellule et lui retirait son masque, puis on faisait rentrer d’autres prisonniers dans sa cellule. Des hommes et des femmes de tout âge, vêtus comme elle de cette combinaison orange. Tous sans exception, l’avaient regardé avec différents degrés de crainte dans le regard, de la simple appréhension à une terreur à peine contenue. Des instructions étaient données par hauts parleurs. A Elise on n’avait rien demandé de pénible : chanter, chuchoter, parler, telle ou telle phrase, toujours anodine. Tantôt c’était « je voudrais bien manger un artichaut », tantôt c’était « je devrais faire des pompes chaque matin ». Elise se doutait bien du but de ses tests : sonder les conditions et limites de ce qu’ils appelaient son anormalité. Si l’assistante de Lapadite avait dit vrai, les pauvres devaient désormais se gaver d’artichaut sans savoir pourquoi. Il y avait pire. Se lancer aveuglément dans une révolte sanglante sur conseils d’un groupe à la mode par exemple. Chaque soir, lorsqu’elle s’endormait, Elise se demandait si dehors c’était encore le chaos.
Puis vint le jour où le Dr Lapadite vint en personne, arborant comme d’habitude son air pincé.
- Bonne nouvelle Mademoiselle Vautrin. Par la conjecture des expériences que nous avons mené et par votre coopération exemplaire, nous avons conclu que conformément à notre hypothèse seul votre chant est porteur d’effet mémétique.
Pour la première fois, Elise avait eu l’espoir d’une véritable bonne nouvelle.
- Vous êtes autorisée à ne plus porter de masque et à parler comme bon vous semble. En revanche, vous vous en doutez vous n’avez toujours pas le droit de chanter lorsque vous êtes à portée d'écoute de qui que ce soit. Afin de contrôler ce paramètre, vous allez rester assignée a votre cellule jusqu'à nouvel ordre. Là, l'isolation sonore vous permettra de poursuivre votre activité artistique à loisir.
Le sourire de la chanteuse s’était effacé lorsqu’elle avait compris la dernière information. Elle allait rester en cellule. Cette chambre anéchoïque invivable. Elle avait espéré une liberté surveillée ou quelque chose du genre, mais c’était trop en attendre de cet homme. Le poids de la déception tomba sur elle d’un coup et elle dut se retenir d’exploser de colère. Pas devant ce salaud qui venait lui annoncer qu’elle finirait sa vie ici et osait prétendre que c’était une bonne nouvelle. Elle se laissa retirer son masque, puis attendit d’être de nouveau seule pour laisser éclater sa rage.
♪
Elise fut réveillée par une main se posant doucement sur son épaule. La sensation la renvoya 15 ans en arrière, lorsque sa mère la faisait se lever de la sorte, avant d’aller en cours. Puis, ses sens brouillés lui rappelèrent où elle était et elle se leva d’un bond. Dans le noir, elle eut du mal à distinguer la personne qui se tenait face à elle, mais la silhouette était assurément celle d’une femme.
- N’aie pas peur Elise, fit elle d’une voix enjouée. Aujourd’hui tu vas sortir de ton confinement et respirer l’air frais du dehors.
La chanteuse se surprit elle-même à éprouver plus d’inquiétude que de joie face à une telle nouvelle. Quelque chose ne tournait pas rond dans la simplicité avec laquelle l’inconnue lui avait annoncé qu’elle s’évadait.
- Bon soyons honnêtes, le site est ultra sécurisé et en sortir avec un SCP est mille fois plus difficile que d’y rentrer seul, même avec toute la préparation du monde. Mais qui ne tente rien n’a rien n’est-ce pas ?
- Attendez, réagit Elise, pourquoi me faites-vous évader ?
Elle put presque entendre le sourire de son interlocutrice quand elle lui répondit :
- Parce que tu m’es précieuse. Allons ! Moins de questions, plus d’action !
Sur ces mots, l'inconnue alluma une lampe torche sous son visage, comme une adolescente qui raconterait une histoire de fantôme. Elise mit une seconde à la reconnaître : l'assistante de Lapadite, Blanche Schneidder.
- Surprise ! fit-elle délectée de son effet. Allons ! L’heure n’est pas à l’émerveillement : change-toi.
Elle pointait du doigt un sac de sport à ses pieds. A l’intérieur se trouvait les affaires qu’Elise avait sur elle lors de son arrestation : ses vêtements et son téléphone. Il y avait aussi une blouse blanche. Trop heureuse de quitter sa tenue orange, la jeune femme se changea à toute vitesse. En retrouvant ses biens, elle eut l’impression de se retrouver un peu elle-même. Elle n’eut pas le loisir d’apprécier ce sentiment, l’assistante reprit la parole :
- Pour faire simple, nous n’avons pas d’autre choix que de passer par la sortie principale. La Fondation est loin d’être négligente : même les égouts et les conduites d’aération sont mieux surveillés que la Maison Blanche et c'est un fait plutôt bien acquis par les membres du personnel. En revanche le petit contingent de classe-D que j’ai libéré n'en sait rien.
Elise retint son souffle.
- Donc pendant que les agents de sécurité du site et la horde de combi oranges se pognent gentiment, tu vas mettre cette blouse, accrocher badge que par ailleurs tu ne devras scanner nulle part puisque c'est un faux, et faire comme toute bonne assistante en cas de crise : t’enfuir vers la sortie. On pourrait avoir quelques problèmes sur le chemin, mais s j’ai bien calculé mon coup, ça ne sera rien que je ne puisse régler.
♪
Courir dans les couloirs et ne pas s’arrêter. C’était plus facile que ce qu’elle avait pensé. Devant elle, l’assistante traçait son chemin, en se retournant de temps en temps pour l’encourager d’un sourire. Elles évitèrent l’ascenseur. Dans les escaliers, elles croisèrent des hommes et des femmes armés, mais personne de fit attention à elles. Dans la confusion, le plan fonctionnait. Elles parvinrent à ce qui semblait être une cafétaria. La, un barrage avait té mis en place et les membres du personnel étaient tenus de rester calme. Un agent beuglait dans son haut-parleur :
- Bien que nous n’en connaissions pas la cause, il ne s’agit que d’une évasion de classe-D qui restera contenue aux sous-sols. L’insurrection sera matée d’ici quelques minutes, alors gardez votre calme !
- Jusque-là, chuchota Schneidder à Elise, rien d’imprévu. Attendons ici avec tout le monde.
- Tu es sûre. ?
- Oui. Cesse de t’inquiéter et profite.
Profiter. Etrange chose à faire quand on s’évade. Cependant il n’y avait pas d’alternative viable. La sécurité du site soupçonnait évidemment que la libération des prisonniers était une diversion, alors foncer tête baissée en espérant passer la porte gardée était à la fois la seule et la pire option. Alors qu’elle commençait sérieusement à douter de ses chances de sortir, une main se posa sur son épaule. Surprise, elle fit volte-face pour se trouver nez à nez avec un enfant. Un enfant en blouse, aux cheveux étonnamment blancs. Celui-ci, lui souriait, d’un air bienveillant.
- N’aie pas peur jeune fille, lui dit-il, on sait tous que la Fondation est environnement de travail stressant mais là il n’y a pas de quoi avoir peur. Le directeur tient trop à nos précieux cerveaux, alors s’il y avait un vrai danger on nous laisserait nous mettre à l’abri.
Elise se sentit complètement désarmée. Les longs jours passée en confinement l’avaient blindé de haine pour les « blouseux » de la Fondation et pourtant, celui-ci, par son apparence incongrue ou par la sincère sympathie qui émanait de lui, venait de faire vaciller son schéma de pensée.
- Heu, j’… En fait… Ma…
La chanteuse pataugeait complètement. Schneidder perçut ce trouble et vola à son secours.
- Dr Holt ! Quel plaisir de vous voir ici !
L’enfant toisa un instant la jeune femme, avait de frapper dans ses mains.
- Ah, tu es l’assistante de Lapadite c’est ça ? Alors ? Comment avance votre dossier ? Ton pauvre supérieur doit-être sur les nerfs, on l’est toujours un peu quand on est sur un Euclide. Une civile je crois ? Doux Jésus, son confinement doit être dur à accepter.
Milles questions tourbillonnaient dans la tête d’Elise. Un dossier sur elle ? Jusqu’où ce Dr Holt en avait-il pris connaissance ? Pourrait-il l’identifier au beau milieu de tous ces gardes et lancer l’alerte ? Pourquoi un enfant ? Un genre de génie précoce ? Son fil de pensées fut interrompu par le regard bleu perçant de l’enfant qui se ficha dans ses yeux, comme s’il la passait au scanner.
- Et toi-même jeune fille ? Tu es… ?
- A… Assistante Rosenthal !
Elle l'avait dit d'une manière qui sonnait si faux. Si elle avait pu elle se serait terrée de peur et de honte dans un trou de souris.
- Elle se forme au site Beth, compléta Schneidder et elle passe quelque jours ici avec moi et le Dr Lapadite pour observer par elle-même les tenants et aboutissants du confinement d’un nouvel objet SCP.
- Ha, bon… fit l’enfant l’air peu convaincu. Et sans indiscrétion, mademoiselle Rosenthal… Où es votre badge ?
Elise le chercha sur elle même, tâtant la surface de son torse : rien n'était accroché à sa blouse. Elle fouilla désespérément les poches : vides. Horrifiée, elle se tourna vers Blanche la voix tremblante.
- Je l’ai perdu !
- Tu as du l'oublier au bureau, lui répondit-elle d'un air fâché. Il va falloir qu'on y retourne sinon on ne va jamais pouvoir sortir.
- Allons mademoiselle Schneidder ne soyez pas trop dure avec la petite. On a toujours peur du pire quand l’alarme résonne, et on peut comprendre qu'elle ait oublié de prendre son badge, mais soyez un peu plus soigneuse à l’avenir, sinon les agents de sécurité ne seront pas tendre avec vous et vos supérieurs vous passeront un sacré savon. Maintenant si vous voulez bien m'excuser, j'ai
Sur ces mots il se mit à jouer des coudes pour se frayer un chemin dans la marée humaine. Il disparut très vite.
- Hé bien ! On s'en tire pas mal jusqu'à présent. Tu as eu bien fait de perdre ton badge, on est jamais aussi naturel qu'au naturel.
- Je ne comprend pas ? Je l'avais bien accroché à ma blouse.
- C'est parce que ce badge n'a jamais existé. Je t'ai fait convaincu que je te donnais un badge, du coup tu as cru le prendre, le sentir, le toucher et le manipuler mais c'était seulement dans ta tête.
Elise eut un moment de consternation fascinée.
- Mais… comment ça marche ? C'est de la magie ?
- Mieux : c'est mémétique. Et maintennant il va falloir se concentrer. C’est ce qu’on va se remettre à courir dans une poignée de secondes.
La jeune femme se raidit en entendant cela. Sans trop savoir e qui allait arriver, elle se concentra toute entière sur la sortie. S’il fallait courir, elle ne perdrait pas son objectif de vue. Elle entendait près d’elle Schneidder qui murmurait.
Cinq
Quatre
Trois
Deux
Un
Elise retint son souffle.
Le monde devint rouge. Tout fut baigné dans une lumière écarlate et une alarme assourdissante emplit l’espace :
Déclenchement de la tête nucléaire imminent !
Tous se mirent à courir. Les agents de sécurité ne purent contenir le flot et la panique Les cris, la panique, le chaos. Quelques rares personnes semblaient essayer de réguler le mouvement de foule, mais c’était peine perdue, l’instinct de survie avait repris le dessus et personne n’écoutait. La chanteuse perdit le fil de ses pensées. L'assistante lui tenait fermement le poignet et l'entraînait dans sa course. Porte, couloir, bifurcation, porte, porte…
Dehors.
♪
Pour la première fois depuis ce qui lui paraissait une éternité, Elise put sentir son regard se perdre dans une nuit étoilée. La tapisserie sombre sur laquelle se dessinait les étoiles comme autant de grains luminescent lui fit goûter une douce plénitude et Schneidder leur fit brusquement arrêter leur course devant ce qui lui semblait être un mastodonte. Un véhicule militaire, comme elle n'en avait jamais vu d'aussi près. Elle souleva la toile qui couvrait l'arrière.
- Dépêche-toi ! Monte là dedans et fais toi discrète.
La chanteuse s’exécuta. La perspective de s'enfermer dans un un endroit confiné et sombre ne la réjouissait pas, mais elle ne s'était pas évadée des locaux de la Fondation pour abandonner devant une bâche. Elle entra, rejoint par Schneidder. Elle s'enfermèrent, puis, ce fut le noir complet. Dehors le vacarme de l'agitation s'entendait encore, lointain. A l'intérieur, Elise ne sentait la présence de Blanche que par le son de sa respiration. Toute proche. Celle-ci prit une inspiration, puis prit tout doucement la parole.
- Nous sommes presque tirées d'affaire. Il ne reste que la partie la plus délicate.
- La plus délicate ?
- Oui, enfin, si je fais exception de tout ce que j'ai fait en amont, c'est à dire infiltrer la Fondation et bidouiller plusieurs systèmes de sécurité au nez et à la barbe de leurs agents. Bref. Pour te faire un rapide topo, nous somme dans un complexe scientifique nommé le site-Aleph, organisé comme un village. Ton exfiltration ne pouvait se faire qu'avant ton transfert au site de Beth, qui serait arrivé tôt ou tard. Et crois moi, là-bas j'aurais jamais pu te récupérer.
- Ah. C'est… c'est pas bon ça, n'est ce pas ?
- C'est carrément la merde oui. Mais on reste dans le champ de ce que j'avais prévu. Toute personne qui s'échappera d'ici sera coursée par les Forces d'Intervention Mobiles, embarquées dans de jolis Hawkei. Et devine dans quoi on vient de se cacher ?
- Un Hawkei ?
- Bingo. Et quoi de mieux pour pousser les gens à fuir le plus vite et le plus loin possible qu'une alerte nucléaire ?
- Il y a vraiment une tête nucléaire ici ?
- Peut-être que oui, peut-être que non. La rétention d'information c'est le fort de la Fondation. Du coup même si les membres du personnels savent qu'il n'y a pas de menace nucléaire ici, il subsiste toujours le doute qu'on leur ait menti. Le secret est leur plus grande force, mais il engendre une faiblesse plus grande encore : le doute, la méfiance, et à terme, la rupture. Il m'a donc suffit de bidouiller une alerte nucléaire de toute pièce et ça a crée les fuyards dont nous avions besoin. Maintenant, reste à savoir si notre petit nid douillet aura son ticket pour la prochaine course poursuite ou non.
La ton d'Elise s durcit un peu.
- Donc si je comprends bien à partir de maintenant, c'est rien que de la chance ? Sérieusement ?
- Mh… Pas seulement, mais en grande partie oui.
La chanteuse eut très envie de paniquer. Toutefois elle jugea que le moment n'était pas approprié pour les cris de détresse et les larmes d'angoisses, aussi elle ravala son envie de sortir en trombe de leur cachette et se recroquevilla, pendant que Blanche allongeait ses jambes et croisait ses mains derrière sa nuque, comme pour faire une sieste. Au dehors, le brouhaha, lointain, continuait.
Puis, au bout d'un temps qui aurait aussi bien pu être une éternité qu'un battement de cil, quelque chose arriva. Des injonction, des ordres aboyés. Militaires. On approchait. Elise sentit sa bienfaitrice se raidir. C'était le moment de vérité.
Le véhicule s’ébranla. On ouvrit les portes. Plusieurs personnes entrèrent dans l'habitacles. Si une seule d'entre elles ôtait la bâche pour vérifier le coffre, c'était fichu.
Des voix.
- Magne toi Dubriard ! Je te jure que si à cause de tes pattes molles on perd une blouse dans la nature, tu passera au correctionnel, bâillonné et cul nu, avec la marque de mes pompes sur les miches pour qu'on sache bien qui t'envoie !
- Sergent, je me magne sergent !
- Alors prend le volant et fait moi rugir ce bébé !
- Sergent !
L'Hawkei démarra, puis se mit à rouler. Droit dans la nuit.
Droit vers la liberté.
♪
A travers les champs, éclairées par la seule lumière de la Lune, les deux jeunes femmes marchaient. Depuis une heure. Elise se frottait encore douloureusement les bleus et les écorchures qu'elle s'était faite en sautant du véhicule, au signal de Blanche, profitant d'un virage serré. Elles avaient roulé sur le bitume et atterri dans le bas côté. Leurs chauffeurs avaient poursuivi leur route, sans jamais s’apercevoir qu'elles avaient été là. Victoire totale.
Puis elles étaient restées silencieuse. La tension. Blanche avait simplement donné une direction, vers des lumières au loin, qui étaient celles d'un village. Là bas, elles pourraient retrouver "quelqu'un" et s'en aller une bonne fois pour toute. La chanteuse profitait de l'air nocturne. La lune la contemplait et semblait lui sourire. Les étoiles étaient rieuses. Un vent frais balayait les étendues récemment fauchés par les agriculteurs. Elles avançaient en écrasant des tiges desséchées, qui craquaient sous le pied avec un bruit merveilleux. Elise était libre, tout était beau. Son regard se porta sur sa bienfaitrice qui marchait devant elle. Blanche Schneidder, la jeune femme blonde, élégante, enjouée et pleine d'assurance qui l'avait sortie des entrailles de la Fondation grâce à un plan élaboré de longue date. De trop longue date pensa-t-elle.
Blanche Schneidder.
Elise s’arrêta net. Une hypothèse folle venait de naître dans son esprit. Le plan de Blanche devait avoir été préparé depuis bien plus longtemps que ses quelques jours, à peine deux semaines de confinement en tant qu'objet d'étude. Secret. Méfiance. Rupture. Evidemment. Une seule explication rationnelle, pour toute la valeur que ce mot avait encore, pouvait justifier ce qui était arrivé ce soir là.
Blanche se retourna l'air plaisantin.
- Tu ne marche plus ? Mal aux pieds ?
Elise planta ses yeux dans les grands iris verts de sa partenaire. Elle ouvrit la bouche. L'hypothèse parvint jusqu'à ses lèvres.
- R ?
Un silence. Blanche eut l'air surprise, puis son regard se radoucit. Un sourire mélancolique apparut sur son visage.
- Oui. C'est moi.
Objet n° : SCP-3132
Classe : Sûr
Procédures de Confinement Spéciales Mises à Jour : À compter du 05/01/17, le Site-208 a été placé en quarantaine stricte de Niveau W4. Tout transfert de personnel entre le Site-208 et tout autre Site est interdit. Toute livraison de matériel doit s'effectuer par véhicule autonome. Aucun contact téléphonique ne doit avoir lieu entre les membres du personnel du Site-208 et le monde extérieur.
Tous les membres du personnel en poste au sein de ce site doivent être reclassés en personnel de Classe E et autorisés à poursuivre leur travail normalement avec leurs salaires et leurs primes augmentées de deux échelons en guise de compensation.
SCP-3132 doit être conservé dans un coffre standard pour objet Sûr au centre d'une chambre de stockage de 6 x 6 m. Tous les tests impliquant SCP-3132 doivent être menés dans une salle dotée d'un revêtement antibruit. Les tests impliquant SCP-3132 sur des individus souffrant d'arthrite ou d'autres problèmes d'articulation sont à ce jour interdits.
Toutes les instances de SCP-3132-1 doivent être logées dans des cellules de confinement pour humanoïdes modifiées dotées d'un revêtement antibruit.
Description : SCP-3132 est une réplique de vertèbre humaine en plâtre. SCP-3132 manifeste plusieurs effets sur les humains à proximité, se déroulant en plusieurs phases :
Phase 1 : Lorsqu'un humain se trouve à moins de 2,3 m de SCP-3132, il commence à expérimenter de légères hallucinations auditives. Les sujets décrivent les sons comme étant similaires à ceux produits par un craquement d'articulation. Ces hallucinations prennent fin dès que le sujet quitte le rayon de 2,3 m. Cette phase dure entre dix et quarante minutes.
Phase 2 : Les sujets à portée de SCP-3132 après la fin de la Phase 1 commencent à éprouver un grand inconfort dans leurs articulations vertébrales. La plupart des sujets essayera de faire craquer ses articulations ; en cas de succès, les sujets rapporteront un grand soulagement. L'inconfort prend fin après approximativement une heure, que le sujet ait réussi à se faire craquer le dos ou non.
Phase 3 : Un sujet arrive en Phase 3 s'il parvient à se faire craquer les articulations dorsales au cours de la Phase 2. Au cours de cette phase, seules les articulations vertébrales du sujet pourront être craquées ; les autres articulations ne craqueront pas peu importe la force avec laquelle elles seront tirées. Il est à noter que les vertèbres ne craqueront qu'en séquence : soit de l'articulation L4-L5 jusqu'en haut si le sujet pivote dans le sens horaire, soit de l'articulation C1-C2 jusqu'en bas dans le sens antihoraire.
En étant craquées de haut en bas, les articulations vertébrales émettront une série de sons correspondant à une gamme de Si majeur descendante, avec un volume moyen de 65 dB. En étant craquées du bas vers le haut, les articulations émettront à la place une série de sons correspondant à une gamme de Ré mineur à 80 dB.
Tout autre humain entendant un de ces sons entre immédiatement en Phase 3 de manière permanente et est ci-après désigné SCP-3132-1. De plus, tout son généré depuis les articulations vertébrales d'une instance de SCP-3132-1 conserve la propriété de transformer n'importe quel auditeur en nouvelle instance de SCP-3132-1.
N° de test : 3132-29
Sujet(s) : D-19060 et D-28888[DÉBUT DE L'ENREGISTREMENT]
(D-19060 et D-28888 sont attachés de sorte à empêcher leurs mouvements dorsaux afin d'éviter la prolifération de SCP-3132. Les sujets sont à l'intérieur d'une pièce antibruit. Leurs commentaires sont relayés au Dr Juarez par le biais d'un dispositif de translation voix/texte.)
D-19060 : Nouveau jour, nouveau test. Qu'est-ce qu'on a au menu aujourd'hui ?
Dr Juarez : Veuillez patienter. Dans quelques minutes, nous vous libérerons et passerons à l'étape suivante. Vous vous ferez craquer le dos dans les microphones disposés dans la pièce selon différentes séquences.
D-28888 : Énorme. Hé, après on devrait faire le test avec genre, cinq personnes et voir si on peut démarrer un groupe.
D-19060 : C'est la meilleure idée que t'as eu de la semaine, le Dingo des Huit. On peut noter ça quelque part ?
Dr Juarez : Vous savez que ce n'est pas moi qui décide des tests, les gars. Cependant, je ne manquerai pas d'en parler à mon superviseur.
D-19060 : Wouhou !
Dr Juarez : Relâchement des entraves. D-19060, veuillez avancer sur la marque rouge. D-28888, veuillez avancer sur la marque bleue, et surtout soyez bien face-à-face.
Les Classes-D s'exécutent.
D-19060 : Bien reçu.
D-28888 : C'est bon.
Dr Juarez : Excellent. Ensuite, quand les lumières s'allumeront, D-19060 pivotera dans le sens antihoraire et D-28888 dans le sens horaire.
Le Dr Juarez vérifie plusieurs écrans et appuie sur un bouton pour déclencher la lumière. Les Classes-D pivotent tous deux comme indiqué, et un son est produit. Des analyses ultérieures montrent que le son était bien plus fort que ce qui serait attendu d'une interférence constructive normale.
Dr Juarez : Parfait. D-28888, déplacez-vous sur la marque verte et tournez le dos à 19060. 19060, restez exactement à la même position. Quand la lumière s'allumera, vous vous tournerez tous les deux dans le sens antihoraire.
Les deux Classes-D opinent. Le Dr Juarez presse à nouveau le bouton, et les Classes-D se tournent comme indiqué. Le son se produit comme attendu, avec des distorsions encore plus importantes.
Dr Juarez : Hm. Le Dr Juarez écrit dans son carnet. Je pense que nous allons faire un dernier test, et ça sera fini pour aujourd'hui.
D-28888 et D-19060 se topent les mains.
Dr Juarez : Allez. 28888, à la marque jaune. 19060, à la marque grise. À mon signal, vous pivoterez tous les deux dans le sens horaire.
Le Dr Juarez presse le bouton et son stylo tombe au sol. Les Classes-D commencent à pivoter alors que le Dr Juarez se penche pour récupérer son stylo. Alors qu'il se penche, son dos craque de manière inattendue à portée du microphone. À ce moment, une grande onde de choc part d'entre D-19060 et D-28888, détruisant partiellement les murs de la chambre de test ainsi que la plupart des équipements.
<Observations> Le Dr Juarez et les deux Classes-D ont été blessés et ont subi une perte partielle de l'ouïe, mais ont survécu. Bien que la plupart des appareils d'enregistrement aient été détruits par le souffle, l'analyse des deux qui ont survécu a permis de reconstituer un son émanant de l'épicentre. Selon les analyses les plus récentes, le son était similaire à une voix prononçant les mots "Oh, c'est bon".1 Plus important, l'onde de choc a été entendue par un grand nombre de membres du personnel du site et s'est avérée être également porteuse des propriétés infectieuses de SCP-3132. - Villasana, Directeur du Site-208
Les Procédures de Confinement ont été mises à jour en conséquence.
Addendum 04/01/17 : Correspondance entre le Site-208 et le Directeur Régional
Nous avons échoué. SCP-3132 a complètement échappé à son confinement depuis ce matin. 90 % des membres de mon personnel sont désormais des instances de SCP-3132-1. Nous avons actionné les procédures de quarantaine selon le protocole standard, mais il est estimé que nous serons tous affectés dès demain.
De plus, j'ai désactivé toutes les lignes téléphoniques et les interphones du site, et j'ai préparé la plupart des autres objets SCP pour leur transfert. Y aura-t-il autre chose ?
Villasana, Directeur du Site-208
Je veux que vous le testiez à fond, celui-là. Autant le faire, puisque vous êtes coincés avec.
Directeur Régional Solis