Objet # : SCP-XXX-FR
Classe : Euclide
Niveau de menace : Orange ●
Procédures de Confinement Spéciales : Les trois instances de SCP-XXX-FR-1 détenues par la Fondation doivent être conservées au Site-██ dans un casier de confinement standard. Si la création d’une instance de SCP-XXX-FR-2 s’avère nécessaire pour un test, celle-ci doit être détenue dans une cellule de confinement d’humanoïde standard et il est nécessaire de vérifier que l’entité s’alimente et s’hydrate correctement, quitte à utiliser la force. SCP-XXX-FR-3 doit être entouré d’une clôture électrifiée située à cinq-cents mètres du village. Une équipe de vingt-cinq personnes disposant d’un armement standard doit être présente sur le site en permanence. Un réseau de caméras de surveillance doit être installé dans SCP-XXX-FR-3.
Si une instance de SCP-XXX-FR-2 s’approche de la clôture, celle-ci doit se voir administrer des amnésiques de Classe-A et doit être raccompagnée au village, cela afin de prévenir une action coordonnée contre l’équipe de confinement. Si nécessaire, le recours à des moyens létaux est toutefois autorisé pour empêcher toute tentative de brèche de confinement. Les instances de SCP-XXX-FR-2 doivent être considérées comme dangereuses et imprévisibles en toutes situations.
Description : SCP-XXX-FR-1 désigne une prothèse artificielle de cœur humain. Contrairement à d’autres prothèses tentant de reproduire le plus possible l’architecture d’un cœur réel, SCP-XXX-FR-1 diffère grandement de son homologue organique. L’objet est constitué principalement de bronze et de caoutchouc noir. Le "battement" de SCP-XXX-FR-1 est assuré par le déplacement du haut vers le bas d’un soufflet en caoutchouc fermé par un rond de bronze. La partie supérieure de SCP-XXX-FR-1 est constituée d’un ensemble d’engrenages dont le fonctionnement est encore mal compris. Cet ensemble est protégé par un carter en bronze d’une épaisseur d’un centimètre. Des tuyaux homologues aux vaisseaux sanguins connectés à un cœur organique dépassent de ce carter. Il est à noter qu’aucun système d’alimentation n’a pu être trouvé à l’intérieur de SCP-XXX-FR-1.
Trois fioles de verre sont fixées à l’extérieur de SCP-XXX-FR-1, elles contiennent respectivement des liquides de couleur bleue, rouge et orange. L’analyse de ces liquides a montré qu’ils contenaient principalement de la dopamine, de la sérotonine, de l’ocytocine, de la ████████████ ainsi que plusieurs autres composés inconnus. Il est à noter qu’en dehors de ces liquides, les matériaux constituant SCP-XXX-FR-1 ne présentent pas de propriété anormale.
L’effet anormal de SCP-XXX-FR-1 se manifeste lorsque l’objet est greffé sur un être humain à la place du cœur. Les chances que le patient meurt sur la table d'opération sont les mêmes que pour une greffe classique, toutefois, aucun cas de rejet n’a jamais été observé. De plus, aucun début d’oxydation n’a été observé sur une instance de SCP-XXX-FR-1 malgré son contact avec différents fluides organiques. Lorsque greffé, SCP-XXX-FR-1 accomplira toutes les fonctions biologiques que remplissait déjà le cœur organique. En outre, les liquides contenus dans les fioles de verre seront diffusés dans le sang (les fioles semblent capables de synthétiser ces produits d’elles-mêmes, ce qui signifie qu’elles ne se retrouvent jamais vides). La diffusion de ces liquides a pour effet de plonger le porteur de SCP-XXX-FR-1 (alors appelé SCP-XXX-FR-2) dans un état d’euphorie constant. L’instance de SCP-XXX-FR-2 est alors incapable de ressentir toute émotion habituellement perçue comme négative, telles que la tristesse, la colère ou la douleur.
Les instances de SCP-XXX-FR-2 voient également le système de punition de leur cerveau entièrement bloqué, elles ne reçoivent plus aucun stimulus négatif, quelles que soit leurs actions. Cela entraîne alors chez elles une absence totale d’empathie ainsi qu’une très forte amoralité. Les instances de SCP-XXX-FR-2 font également preuve d’une curiosité exacerbée, celle-ci n’étant plus modérée par les considérations éthiques, morales ou même d’auto-préservation. Les entités feront donc tout leur possible pour obtenir une réponse aux questions qu’elles peuvent se poser. Ainsi, de nombreux cas de suicides ont été constatés peu de temps après des greffes de SCP-XXX-FR-1 malgré l’état d’euphorie des instances de SCP-XXX-FR-2. Les instances dont on a empêché le passage à l’acte évoquent un désir de "savoir ce qu’il y a après". Les instances de SCP-XXX-FR-2 ont donc un comportement pouvant changer aussi rapidement que le fil de leurs pensées.
SCP-XXX-FR-3 désigne le village de ███████ situé en Bulgarie, abritant des instances de SCP-XXX-FR-2.
Création : SCP-XXX-FR-1 ainsi que les premières instances de SCP-XXX-FR-2 ont été créés par le docteur G██████, diplômé en médecine de l’université Pierre et Marie Curie, Paris, France.
Celui-ci aurait dans un premier temps créé des prothèses d’autres parties du corps. Celles-ci ne présentent pas de propriété anormale, sont facilement attachables et détachables et sont parfaitement fonctionnelles. Elles utilisent toutefois la même technologie abstruse de rouages utilisée pour SCP-XXX-FR-1. La Fondation détient à l'heure actuelle sept de ces prothèses (à savoir deux jambes gauches, une jambe droite, un pied gauche, un bras gauche, un bras droit et une main droite), récupérées sur des corps à l'intérieur de SCP-XXX-FR-3.
Elles possèdent également diverses pièces qui pourraient éventuellement être utilisées pour le combat (telles que des lames cachées rétractables). Lors de tests, il a cependant été impossible de déployer ces pièces sans outils.
Le docteur G██████ se serait alors servi de la démonstration de ces prothèses pour rallier autour de lui une communauté d’environ mille quatre cents personnes (en majorité des personnes handicapées et leur entourage) en leur promettant une vie meilleure grâce à la technologie. Il leur aurait ensuite demandé de le suivre en Bulgarie où la communauté a établi le village de ███████ en 20██, site aujourd’hui désigné par SCP-XXX-FR-3.
Une fois là-bas, le docteur G██████ aurait commencé le développement de SCP-XXX-FR-1, se servant occasionnellement de membres de sa communauté comme sujets de test. Une fois SCP-XXX-FR-1 mis au point, il semblerait qu’il l’ait greffé à l’ensemble de sa communauté, à l’aide d’autres médecins ayant choisi de le suivre. Le comptage des individus vivant dans SCP-XXX-FR-3 montre que 30% de sa population initiale est encore en vie au moment de l’écriture de ce rapport.
Le confinement initial de SCP-XXX-FR-3 n'a résulté en la suppression que de trois instances de SCP-XXX-FR-2, les autres entités s'étant contentées d'observer la réaction de l'équipe de confinement face à l'attaque des trois instances. Les corps ont été récupérés afin d'être disséqués.
Il semble que la population restante de SCP-XXX-FR-3 ait choisi de s’organiser à nouveau en société, toujours centrée autour du docteur G██████. Celui-ci réside toujours dans le village et le travail de l'équipe de confinement a permis d'étendre le réseau de caméras de surveillance jusque dans sa résidence personnelle. Depuis le début du confinement, il a passé le plus clair de son temps à travailler sur des modèles de prothèses similaires à ses premiers travaux ainsi qu'à effectuer des ajustements sur des instances de SCP-XXX-FR-1. La Fondation ignore si le docteur G██████ est lui-même une instance de SCP-XXX-FR-2. Tout changement dans son comportement doit immédiatement être signalé au Dr █████.
De plus, depuis le début du confinement, █ personnes sont nées au sein de SCP-XXX-FR-3, dont █ ont survécu et ont été converties en SCP-XXX-FR-2, le reste ayant été [DONNÉES SUPPRIMÉES].
Par ordre du Comité d’Éthique, tout individu naissant au sein de SCP-XXX-FR-3 doit dorénavant être immédiatement évacué et placé en famille d’accueil. Toute grossesse doit être surveillée de près. Une motion visant à stériliser toutes les instances de SCP-XXX-FR-2 est en cours d’étude.
SCP-XXX-FR-3 est le seul exemple connu de société où aucun des membres ne possède de sens moral ou ne se soucie du bien-être des autres. Les individus encore en vie sont ceux étant curieux de découvrir à quoi une telle société peut aboutir. SCP-XXX-FR-3 n’a donc pas été détruit dans le but d’étudier cet exemple unique.
Addendum SCP-XXX-FR.1 Extraits d’un journal retrouvé dans une des maisons de SCP-XXX-FR-3
04/03/20██
Aujourd’hui un homme a toqué à la porte. Bien habillé, costume et cravate, mais avec des cheveux blancs mal coiffés. Il m’a dit qu’il avait lu le dossier de Lisa à l’hôpital dans lequel il travaille. Je me suis tout de suite énervé, ça n’était pas le docteur Charlot, il n’était pas censé avoir le droit de lire ça. J’ai voulu me contenter de lui claquer la porte au nez, mais il l’a bloquée avec sa mallette, en me disant qu’il pouvait nous aider. Il m’avait déjà mis en rogne alors je l’ai poussé. Il est tombé en arrière et sa mallette s’est ouverte. Dedans il y avait un bras en métal. Ça ressemblait vaguement à la prothèse de Lisa, mais avec un côté plus imposant, pas de plastique, que du cuivre et du caoutchouc. J’ai eu du mal à détourner le regard.
Le gars s’est relevé, il l’a attrapé et me l’a tendu doucement. Je l’ai pris machinalement. Il m’a dit de lui donner une chance. Il m’a dit qu’avec ça, ça serait comme si l’accident n’avait jamais eu lieu.
Je lui ai dit de rentrer.
On s’est installés dans le salon. Le type s’appelle docteur G██████, il m’a dit que ce qu’il avait apporté était un nouveau type de prothèse, basé sur une technologie révolutionnaire. Apparemment, il a développé ça tout seul. Il m’a expliqué que les médecins de nos jours se basaient trop sur l’électronique et qu’avec ses prothèses à lui, tout était mécanique et que c’était pour ça que ça marchait si bien.
Il m’a demandé si j’accepterais de laisser Lisa prendre part à la phase de test. Il se méfie des autres médecins, il a peur qu’on lui vole son idée s’il demande des essais cliniques. Le gars a l’air un peu parano.
Il m’a expliqué que c’était possible d’arrêter à tout moment, qu’il suffisait d’enlever la prothèse et de revenir à l’ancienne. J’étais toujours un peu en colère qu’il ait lu le dossier de Lisa, mais je me suis dit que si ce qu’il disait été vrai, ça valait le coup d’essayer. Et puis il m’a dit que je n’aurais rien à payer.
Lisa dort chez une amie ce soir, je lui ai demandé de repasser demain.
05/03/20██
C’est un miracle ! Bon, le truc fait un de ces boucans à cause du métal qui s’entrechoque, mais par rapport à l’autre prothèse, c’est le jour et la nuit.
Le docteur G██████ est arrivé vers quinze heure. Lisa avait peur de lui, elle ne lui faisait pas confiance au début. Moi non plus je n’étais pas rassuré, j’ai tout surveillé d’aussi près que possible.
Il a sorti la même prothèse qu’hier de sa mallette et il l’a enfilée sur le bras de Lisa. Il y a eu un cling métallique et elle a poussé un petit cri. J’ai tout de suite attrapé le docteur et je l’ai plaqué contre le mur pour qu’il s’éloigne d’elle immédiatement. Il a eu l’air de ne pas comprendre et il m’a dit de regarder.
Et là j’ai vu Lisa qui bougeait ses doigts. Oh, pas de manière raide comme avec l’autre prothèse, non, avec celle-là les mouvements étaient fluides. Elle avait l’air fascinée, elle tournait et retournait la main dans tous les sens.
Je ne m’étais pas rendu compte que j’avais continué de garder le doc plaqué au mur alors au bout d’un moment, il s’est raclé la gorge. Je l’ai vite lâché et il s’est excusé de ne pas m’avoir prévenu que le système d’attache pouvait être un peu douloureux sur le coup.
Dans tous les cas, c’est un miracle, je n’aurais jamais pensé que ça marcherait aussi bien. Le doc a dit qu’il repasserait régulièrement pour faire des contrôles et il m’a laissé son numéro. Il m’a juste demandé de ne pas laisser Lisa montrer la prothèse à d’autres personnes pour le moment, toujours sa peur qu’on lui vole son idée.
10/03/20██
Elle a joué du piano ! Elle a joué du putain de piano ! Depuis l’accident elle refusait même de s’en approcher, mais aujourd’hui elle s’est mise à jouer avec ses deux mains ! J’ai appelé le doc pour le remercier, je n’ai pas trop su quoi lui dire si ce n’est qu’en quelques jours il a changé la vie de Lisa.
21/03/20██
Maintenant les seuls moments où Lisa est triste c’est quand elle doit mettre son ancienne prothèse pour aller à l’école ou sortir en public. Je crois qu’elle a compris pourquoi il fallait faire ça, mais ça ne lui plaît pas pour autant.
Mais en dehors de ces moments, elle a le sourire aux lèvres en permanence. Elle continue à jouer et se débrouille de mieux en mieux. Tu serais fière d’elle, Sophie.
Le doc passe tous les trois ou quatre jours, de temps en temps il fait quelques réglages sur le bras. Je l’aurais pas cru à sa tête, mais c’est un mec très sympa en réalité. Il m’a expliqué que son rêve c’était de rendre le monde heureux grâce à ses prothèses et qu’il était à deux doigts d’y arriver. Je lui ai dit qu’il avait déjà réussi à remplir mon monde à moi de bonheur.
19/05/20██
Aujourd’hui, le docteur G██████ m’a demandé si je voulais contribuer à son projet pour rendre le monde heureux. Au début je croyais qu’il parlait de lui donner de l’argent, ce que j’aurais volontiers fait (du moins ce que j’aurais pu me permettre de lui donner), mais il m’a dit que c’était autre chose. Apparemment, il compte fonder une sorte de communauté quelque part en Europe de l’Est, constituée des gens qu’il a aidé ces dernières années. Il m’a montré les plans, on manquerait de rien. Il m’a aussi dit qu’il avait déjà plusieurs professeurs et instituteurs prêts à le suivre, Lisa pourrait continuer à aller à l’école.
Mais surtout, il m’a dit que là-bas elle pourrait garder son bras sur elle en permanence !
Le problème c’est que je n’aurai plus l’occasion de te rendre visite Sophie. Et elle non plus…
Le doc m’a dit qu’ils partaient dans un mois.
15/06/20██
Putain, c’est décidé on y va ! Lisa est toujours si heureuse quand elle rentre à la maison et qu’elle peut enfiler son bras. Je peux pas me permettre de la laisser être triste toute la journée à l’école.
J’ai bien conscience que ça a un peu l’air d’une secte, mais on a beaucoup discuté avec le doc, c’est un mec sensé, raisonnable. Et pour avoir inventé ce truc, c’est un génie. Je suis sûr que tout ira bien.
Et puis si les choses tournent mal, la maison est payée, on pourra toujours revenir ici.
Désolé Sophie, je fais ça pour le bien de notre fille, je te promets qu’on viendra régulièrement te voir.
20/06/20██
Ça fait une sacrée trotte jusqu’en Bulgarie, mais on est arrivés. Lisa était toute excitée, elle avait hâte de voir notre nouvelle maison. Bon, c’est juste un préfabriqué, mais ça fera sans doute l’affaire, du moins les premiers mois. Le docteur G██████ a réussi à rallier beaucoup plus de monde que je ne pensais, on est des centaines.
À côté de chez nous, on a un couple de petits vieux, Christiane et Pierre. J’ai discuté un peu avec eux. Pierre avait perdu l’usage de ses deux jambes alors le docteur G██████ les lui a carrément amputées pour mettre deux de ses prothèses à la place. Sans le cliquetis des rouages je l’aurais jamais deviné, à moins qu'il retire son pantalon. Ils sont très gentils et ont offert un peu de gâteau à Lisa.
Le doc a fait un discours à la fin de la journée, sur la place au milieu du village. Il a dit qu’il était très heureux de nous voir tous ici, que notre aventure ne faisait que commencer et que nous allions fonder une véritable utopie avant de l’étendre au reste du monde. Une part de moi continue de se dire que je me suis lancé dans un truc un peu fou, mais une autre se dit qu’on sera peut-être pas si mal finalement.
05/07/20██
Les jours passent tranquillement ici, chacun vaque à ses occupations, que ça soit construire de nouveaux bâtiments pour améliorer le village ou produire de la nourriture. On se fait un peu chier, faut bien l’avouer, mais au moins c’est calme. Et puis voir le sourire de Lisa, c’est tout ce qu’il me faut.
17/08/20██
Le docteur G██████ a fait une annonce aujourd’hui. Apparemment il est sur le point d’achever son « chef d’œuvre », il a dit que ça allait révolutionner la vie de notre communauté et de nous tenir prêts. J’ai hâte de voir ce qu’il nous réserve.
24/08/20██
Nouvelle annonce du doc, cette fois il a terminé. Il nous a présenté sa création. Ça n’a pas reçu l’effet escompté je crois… Bon, en gros c’est une sorte de pompe, ça suit le même design que le reste de ses prothèses, sauf qu’apparemment cette fois, c’est pour le cœur. Ah et aussi ça n’est pas juste pour remplacer un cœur malade, mais celui de tout le monde. D’après lui, si on remplace notre cœur par ça, on sera heureux pour toujours.
L’accueil a été froid. C’est une chose de remplacer un membre perdu par une prothèse, mais un cœur en parfaite santé… Le doc a dit qu’il comprenait nos doutes, mais qu’il n’y avait rien à craindre, que c’était ça le but ultime de notre communauté. Il a alors demandé s’il y avait des volontaires pour être les premiers à tester le cœur. À ma grande surprise, environ une vingtaine de personne a accepté. De ce que j’ai pu apprendre sur eux, ils ont une confiance aveugle dans le doc et ils le connaissent depuis longtemps. Il a paru satisfait de ce résultat d’ailleurs. Il nous a dit que comme ça on pourrait voir les résultats de nos yeux et nous laisser convaincre.
On reste dubitatif pour la plupart, mais personnellement j’attends quand même de voir.
31/08/20██
Bon, déjà les mecs sont en vie. De ce que j’ai pu voir, ils se comportent normalement et ils sont très souriant. Je vais essayer de voir si je peux discuter avec l’un d’entre eux.
01/09/20██
J’ai eu une conversation avec un des gars qui s’est fait greffer aujourd’hui. Il s’appelle Jérôme. D’après lui, on voit le monde d’un autre œil après. Il n’est plus tracassé par les soucis du quotidien, tout ce qui compte pour lui c’est de profiter de la vie. Faut croire que le docteur a réussi son coup…
08/09/20██
Les greffés semblent toujours aussi heureux, j’en ai pas vu un seul sans sourire depuis qu’ils se sont fait opérer. Au vu des résultats, on dirait que d’autres sont prêts à sauter le pas maintenant, plus que la dernière fois.
28/09/20██
Y a de plus en plus de greffés maintenant. Apparemment le doc a formé quelques médecins de la communauté pour l’aider. Je dois dire qu’ils améliorent le moral de tout le monde. Les voir aussi heureux ça fait du bien. Ils apportent de la joie de vivre.
01/10/20██
C’est décidé, je vais passer sur le billard. J’ai discuté avec beaucoup des greffés et si la moitié de ce qu’ils me disent est vrai, je veux en être ! J’ai pris rendez-vous, je passe dans une semaine.
05/10/20██
On s’est bien marré aujourd’hui, un des greffés est sorti de chez lui tout nu ! Apparemment il voulait juste voir ce qu’il se passerait. Il avait aucune honte, c’était très drôle. On lui a expliqué que pour les enfants, ça serait quand même mieux qu’il se rhabille quand même. Il est rentré chez lui sans faire d’histoire, mais on était quand même morts de rire.
08/10/20██
Bon, c’est le grand jour. J’ai confié Lisa à Pierre et Christiane. Elle est contente que je fasse cette opération, elle dit que comme ça je serai « un peu comme elle ».
J’angoisse, faut bien le dire, j’ai jamais eu d’aussi grosse opération, mais ça va aller j’en suis sûr.
09/10/20██
C’est indescriptible. J’aurais jamais cru que ça serait comme ça. Je ne me rendais pas compte de tout ce qui me minait le moral. Toutes ces petites déceptions auxquelles on ne fait pas attention et qui nous gâche la vie. J’ai fait tomber mon toast aujourd’hui. Eh bien je ne me suis pas plaint, je l’ai ramassé, mis à la poubelle et je m’en suis fait un autre, aussi simple que ça.
Je ne comprends même pas ce qui m’empêchait d’être aussi heureux avant. C’est comme se réveiller d’un rêve dans lequel on ne faisait que des erreurs stupides. Tout paraît plus clair, plus évident.
Le docteur G██████ est un vrai génie, je ne pourrai jamais le remercier assez. Je ne peux pas m’empêcher de sourire, la vie est belle !
25/09/20██
Lisa s’est faite mal en jouant aujourd’hui pendant que je ne la regardais pas. Je l’ai soignée, par habitude. Mais c’est étrange, je n’ai pas eu peur pour elle, je ne me suis pas inquiété. Et encore plus étrange, je ne me suis pas senti coupable de ne pas m’être inquiété.
C’est… intéressant.
30/09/20██
Christiane est morte dans son lit hier soir. Elle était vieille, c’est l’ordre naturel des choses. J’ai essayé de l’expliquer à Pierre, mais il n’a pas eu l’air d’apprécier. Je suppose que j’aurais réagi comme ça avant la greffe aussi, mais je n’arrive plus à le comprendre…
Bah, c’est pas très grave.
06/09/20██
Il a décidé de se faire greffer lui aussi parce qu’il n’arrive pas à faire son deuil. Ça lui fera du bien. De toutes façons, presque tout le monde est greffé ici maintenant. Je suppose qu’il faudrait que je fasse greffer Lisa aussi.
15/09/20██
Lisa te ressemble de plus en plus Sophie.
16/09/20██
Lisa a l’air de commencer à avoir peur de moi, on passe moins de temps ensemble, je me demande pourquoi.
17/09/20██
Je me pose beaucoup de questions ces derniers temps. Est-ce que j’ai vraiment besoin de ces normes sociales, dire bonjour, s’il vous plaît, etc. ? À quoi bon me laver tous les jours avec la médecine moderne ? Quel bruit ferait Pierre si je l’étranglais ? Et surtout, qu’est-ce qui m’empêche d’apporter des réponses à mes questions ?
La réponse ? Rien.
18/09/20██
Aucun bruit, il s’est contenté de sourire. Je suppose que c’est la greffe, je me demande ce que ça aurait donné sur quelqu’un qui n’avait pas eu de prothèse. J’ai laissé le corps dans sa maison.
21/09/20██
Lisa a essayé de fuguer aujourd’hui, heureusement je l’ai entendue et je suis plus rapide.
22/09/20██
Tu sais Sophie, vu qu’elle te ressemble de plus en plus, je suis curieux de savoir si avec elle ça serait comme avec toi.
24/09/20██
Elle a encore essayé de s’enfuir, cette fois je lui ai cassé les jambes, comme ça elle n’ira pas bien loin. Je n’avais jamais entendu le bruit d’un os qui casse, est-ce qu’ils font tous le même bruit ?
25/09/20██
Pour être honnête, je ne pensais pas que même dans cette situation Lisa te ressemblerait autant Sophie. C’est sûr tu te débattais moins, mais à part ça, c’était très similaire. Malheureusement elle était aussi plus fragile que toi. Quand j’ai eu fini, elle bougeait plus. J’ai recommencé une ou deux heures après.
Tu dois m’en vouloir je suppose, mais bon, si tu n’avais pas fait cette sortie de route on aurait jamais fini ici et ça ne serait pas arrivé. C’est à toi d’assumer tes responsabilités.
Moi je vais continuer à profiter de la vie. Ça commence à être un sacré foutoir dehors, mais je suis sûr qu’il y a encore moyen de trouver des gens sans prothèse de cœur, ils sont plus… intéressants.
Addendum SCP-XXX-FR.2 Interview de D-3335
Interviewer : Dr █████
Interviewé : D-3335
Avant-propos : SCP-XXX-FR-1 a été greffé sur D-3335 et son cœur d’origine conservé. Après une journée passée avec SCP-XXX-FR-1, l’ancien cœur de D-3335 lui a été à nouveau greffé. L’interview a lieu au moment du réveil de D-3335 après son opération. Le sujet a été menotté à son lit par mesure de précaution.
Dr █████ : Comment vous sentez-vous D-3335 ?
D-3335 : Non, pourquoi vous me l’avez enlevé ?! Pourquoi vous avez fait ça bordel ?!
Dr █████ : Veuillez vous calmer D-3335. Nous vous avons juste rendu votre cœur d’origine.
D-3335 : Vous comprenez pas vous pouvez pas comprendre ! Vous savez pas ce que c’est que d’être heureux !
D-3335 se met à s’agiter sur son lit et refuse de répondre à d’autres questions. Il est sédaté et ses menottes lui sont retirées afin de l'enfermer dans sa cellule.
Discours de clôture : Dès son réveil, D-3335 s’est mis à se cogner la tête contre l’un des murs de sa cellule. Malgré la violence des chocs, D-3335 est parvenu à rester conscient jusqu’à un dernier choc ayant entraîné sa mort.
Addendum SCP-XXX-FR.3 Interview du docteur G██████
Interviewer : Docteur █████
Interviewé : Docteur G██████
Avant-propos : Le ██/██/20██, le docteur G██████ a été capturé par l’équipe de confinement afin d’être interviewé. Durant l’interview, le docteur G██████ garde le sourire en toutes circonstances.
Docteur █████ : Bonjour docteur, heureux d’avoir enfin l’occasion de vous parler.
Docteur G██████ : On peut dire que vous hommes n’y vont pas de main morte, je crois bien que j’ai deux ou trois côtes cassées.
Docteur █████ : Désolé pour ça, mais nous avons quelques questions à vous poser.
Docteur G██████ : Ah, les caméras ne suffisent plus ?
Docteur █████ : Vous étiez –
Docteur G██████ : Bien-sûr, j’étais au courant. Mais ne vous en faites pas, pour le moment ça ne me dérange pas, c’est même très flatteur que vous vous intéressiez autant à mon travail.
Docteur █████ : Justement, nous voulons en savoir plus sur la façon dont fonctionnent vos prothèses.
Docteur G██████ : Je ne vous dirai rien. Je suis médecin depuis suffisamment longtemps pour savoir que vous allez détourner mes recherches de leur but initial. Je refuse que vous détruisiez des décennies de travail. Je suis enfin parvenu à créer une société idéale.
Docteur █████ : Nous reviendrons sur le sujet de vos prothèses plus tard. Peut-être avec l’aide de l’Agent ███. Mais vous pensez vraiment que votre société est idéale ? Les deux tiers des habitants de votre village sont morts !
Docteur G██████ : Mais ils sont morts heureux. Du moins pour la grande majorité. Et ceux qui restent n’ont jamais expérimenté une telle joie de vivre auparavant. Le bonheur n’est-il pas l’objectif de tout individu ?
Docteur █████ : Mais ces gens n’ont plus aucun sens moral ! Ils pourraient décider de tuer leur voisin sur un coup de tête.
Docteur G██████ : Et chacun le sait et pourtant ils ont choisi de vivre ensemble. Ils auraient largement eu le temps de quitter le village avant que vous n’arriviez. Et pourtant ils ne l’ont pas fait. Vous savez pourquoi ? Parce qu’ils sont curieux, ils sont intéressés par la suite des événements. Parce que dans le fond, ils sont comme vous. Vous êtes curieux, vous voulez savoir de quoi nous sommes capables, c’est pour ça que vous n’avez pas rasé ce village même si vous en êtes capables n’est-ce pas ?
Docteur █████ : Notre intérêt pour ce village n’est pas –
L’Agent ███ entre précipitamment dans la salle d’interview.
Agent ███ : Doc, on a un problème, les SCP-XXX-FR-2 sont là !
Docteur █████ : Combien d’entre eux ? Vous ne pouvez pas appliquer la procédure habituelle ?
Agent ███ : Non doc, ils sont tous là !
Docteur █████ : Tous ?!
Docteur G██████ : Oh oui, j’aurais peut-être dû vous parler de ça… Comme je vous le disais, c’est la curiosité qui les maintient unis. Et pour le moment, je suis l’objet principal de cette curiosité. Ils savent de quoi je suis capable et je leur ai promis certaines… choses. Mais la nouvelle de ma disparition a dû se répandre… et il se trouve que votre petite base est la deuxième chose qui les intrigue le plus, il est donc logique qu’ils viennent par ici. Bien sûr si vous me relâchiez, ils me suivraient tous bien sagement jusqu’au village.
Docteur █████ : Agent ███, êtes-vous capables de reconfiner les instances ?
Agent ███ : Pas toutes doc, on a l’équipement pour contenir une brèche de confinement, mais il y aura des pertes. C’est toute une foule qui s’approche dehors. On devra en supprimer au moins 90% pour que ça devienne gérable pour l’équipe.
Docteur G██████ : Et vous ne voulez pas de ça n’est-ce pas ? Vos recherches ne présenteraient plus aucun intérêt avec un échantillon si réduit. Et puis rien ne dit qu’ils ne se remettraient pas à s’entretuer si autant d’entre eux venaient à mourir. Donc si ça ne vous fait rien, je voudrais que vous m’indiquiez la sortie.
Docteur █████ : Agent ███, veuillez escortez le docteur G██████ jusqu’à la sortie.
Agent ███ : Vous êtes sûr doc ?
Docteur █████ : Ne discutez pas les ordres, Agent, administrez lui les amnésiques habituels et laissez-le partir, nous n’avons pas le choix. Nous obtiendrons les réponses dont nous avons besoin tôt ou tard.
Agent ███ : À vos ordres.
Discours de clôture : À la sortie du docteur G██████, les instances de SCP-XXX-FR-2 l’ont effectivement suivi, seules cinq d’entre elles ont tenté une brèche de confinement et ont pu être raccompagnées jusqu’à SCP-XXX-FR-3 suivant la procédure classique. Des amnésiques sous forme volatile ont ensuite été diffusés dans le village afin d’ôter le souvenir de l’incident aux entités.
Un collage de différentes manifestations de SCP-342 rassemblées en une seule image.
Objet # : SCP-342
Classe : Euclide
Procédures de Confinement Spéciales : SCP-342 peut être confiné de manière sûre dans son dossier, dans une enveloppe agrafée à la couverture intérieure, étant donné qu'il ne représente aucun danger tant qu'il n'est pas activement utilisé. Ledit dossier doit être gardé dans un meuble à tiroirs sécurisé dans le Département des Objets de Grande Valeur, et protégé par une gamme standard de défenses proactives biologiques, chimiques, mémétiques et physiques.
Description : SCP-342 prend normalement la forme d'un titre de transport pour le moyen de transport en commun le plus proche de son emplacement actuel. Il a pour le moment la forme d'un billet de train, au départ de la Gare de ████████████████. Lorsqu'il est tenu par un être conscient pendant n'importe quel intervalle de temps, il finira par se transformer en un titre de transport pour un moyen de transport que le possesseur souhaite utiliser. Cette transformation a toujours lieu lorsqu'il n'est pas observé directement ou indirectement : il n'existe aucun enregistrement de SCP-342 changeant de forme à l'heure actuelle. SCP-342 est indistinguable de tout titre de transport valide et peut être utilisé en tant que tel.
Dans le cas où SCP-342 est validé par compostage, en déchirant son talon ou en étant détruit, il se reformera en un titre non-utilisé après une courte période de temps. Des membres du personnel de la Fondation SCP doivent être sur place pour récupérer SCP-342 après la conclusion de toute expérience sur le terrain.
Toute personne utilisant SCP-342 pour embarquer à bord d'un véhicule est incapable de sortir dudit véhicule par n'importe quelle méthode. Une fois que le véhicule aura terminé son trajet et cessera de bouger, l'utilisateur disparaîtra de cette réalité. Les utilisateurs font part d'un sentiment croissant d'effroi avant de monter à bord du véhicule, qui s'intensifie au cours du voyage et qui atteint son apogée avec une terreur entraînant la panique peu de temps avant la disparition. Les phénomènes spécifiques ressemblent à une schizophrénie paranoïaque aiguë et comprennent :
- Une perception d'obscurité accrue du ciel à l'extérieur du véhicule (brouillard, nuit prématurée ou, plus fréquemment, un temps morne et déprimant).
- Des hallucinations auditives : le plus fréquemment, une mauvaise perception des annonces normales effectuées par les conducteurs et les passagers : par exemple une annonce du prochain arrêt entendue comme étant une déclaration que l'utilisateur ne s'arrêtera jamais.
- Des objets normaux, tels que d'autres passagers et des objets non-menaçants, prenant soudainement un ton ou une apparence menaçante.
- Une peur presque pathologique du chauffeur/conducteur/autre membre de l'équipage.
- Des événements étranges empêchant complètement le passager de descendre du véhicule.
- La certitude absolue qu'il est impossible de descendre.
- Une incapacité de percevoir les autres passagers sortant ou entrant dans le véhicule : les utilisateurs rapportent que les autres passagers semblent simplement apparaître et disparaître de leur siège et, dans certains cas, ne peuvent pas percevoir qu'un passager est descendu du véhicule, continuant de le voir dans son siège.
- Une incapacité à entendre ou percevoir les tentatives de les calmer ou de les raisonner.
Bien que les expériences les plus sévères soient limitées uniquement à l'utilisateur, les spectateurs (y compris les agents assignés à la surveillance du sujet) rapportent des sentiments de malaise et seront contraints de quitter le véhicule plus tôt que prévu, à la recherche d'autres moyens de transport.
Addendum 342 A : L'objet a été découvert à Chicago, en 1936, par [DONNÉES SUPPRIMÉES]. Le dossier a été rouvert plusieurs années plus tard, dans l'espoir que les avancées technologiques puissent permettre une compréhension plus profonde de [DONNÉES SUPPRIMÉES].
Addendum 342 B : L'importance de retrouver SCP-342 après qu'il a été validé ne peut pas être sous-estimée : merci de consulter le rapport : "Incident du Dr Lank", dans lequel SCP-342 n'a pas été récupéré avec succès après sa validation, causant une brèche de confinement de six mois entraînant la disparition de plusieurs habitants de la ville de New York. Il est demandé et requis du personnel de la Fondation SCP d'utiliser tous les moyens allant jusqu'à et comprenant l'usurpation d'identité d'un agent de la paix, l'intimidation, les menaces/l'utilisation réelle de la force létale afin de récupérer l'objet.
Addendum 342 C : Rapport de l'Agent [NOM SUPPRIMÉ] : Notre première expérience avec le billet fut un membre du personnel de Classe D entrer dans un bus en utilisant l'objet. Nous avions stationné des agents à chaque arrêt afin d'observer son comportement sans réellement entrer dans le véhicule (une précaution au cas où tous ceux à bord eussent été affectés ; les anciens rapports étaient vagues à ce sujet). De nombreuses fois, il était simplement assis à sa place ou bien descendait ou remontait les allées. De plus en plus, il s'est mis à regarder à l'extérieur avec horreur. Les quelques dernières fois, nous n'avons pas pu le localiser. Au dernier arrêt avant que le bus ne soit garé pour la nuit, nous l'avons vu frapper à la fenêtre avec une expression suppliante, hurlant aux agents de l'aider tandis qu'il s'éloignait, une brume étrange remplissant la majeure partie de l'espace derrière lui.
Puisque nous ne pouvions pas tirer beaucoup de conclusions de cet événement, nous avons décidé de retrouver certains des passagers et de les interroger, dans l'espoir d'éclairer ce qui s'était passé. Beaucoup hésitaient à parler ou affirmaient qu'ils n'avaient rien remarqué, disant qu'ils étaient préoccupés par quelque chose ou distraits par une maladie, des douleurs ou des sentiments de mauvais augure. Nous avons finalement obtenu des informations utiles de trois garçons (un de 15 ans (caucasien) et deux de 16 ans (hispaniques)) qui étaient assis à l'avant du bus pendant une partie du voyage. Ils nous ont dit que notre sujet de test a essayé plusieurs fois de partir, mais ses demandes en tirant sur la cloche d'arrêt étaient toujours ignorées et les portes semblaient se refermer juste avant qu'il ne puisse sortir. Il pouvait courir et arriver juste un peu trop tard ou marcher sur une certaine distance et être renvoyé à l'arrière de la file. Finalement, il s'est assis à l'avant du bus pour pouvoir être assez proche pour sortir à temps, mais à chaque occasion qu'il a eue, il y avait trop de gens se pressant dans ou hors du bus pour qu'il puisse sortir.
Quelque chose au sujet de cet événement semblait déranger les garçons. L'un d'entre eux était particulièrement irrité, mais ne pouvait pas expliquer pourquoi. Sous hypnose, il a décrit ce qui fut pour lui un moment de pur effroi ; il avait en fait vu quelques personnes dans la foule de passagers repousser l'homme à bord, le retenir subtilement, ou le faire tomber, tout en regardant devant eux innocemment, comme s'ils ne remarquaient même pas ce qu'ils faisaient. Finalement, après avoir crié au chauffeur qu'il voulait descendre pour dix bonnes minutes (ce que le chauffeur a ignoré, en dehors de lui dire de s'asseoir sans bouger et de rester calme), l'homme est retourné à son siège, ayant apparemment abandonné par désespoir. Deux des garçons ont dit que l'homme avait en fait hurlé et trébuché jusqu'à son siège, terrifié, quand le chauffeur s'était tourné vers lui. Le troisième n'avait pas remarqué que les deux étaient entrés en conflit, contrairement à son habitude de rechercher avidement et de regarder des altercations dans les bus de ce quartier défavorisé particulièrement sensible.
Après qu'il eut regagné son siège, les garçons ont dit qu'ils ont rapidement oublié le sujet, certainement parce qu'il ne luttait plus. Lorsqu'ils l'ont vu la fois d'après, il était trois sièges en arrière, puis cinq puis sept, mais ils n'ont pas pu se souvenir d'un moment où ils l'ont vu se lever de son siège pour s'éloigner vers l'arrière. C'est tout ce qu'ils ont pu nous dire et il semble que cela leur ait déjà beaucoup coûté de nous révéler ça.
Remarque : à la fin de notre session, le plus jeune adolescent a crié, "C'est comme si ça l’avait avalé à la fin !" et a rapidement dû être hospitalisé en raison d'une psychose extrême.
Addendum 342 D : Expérience Métro Deux : NOTE DE L'OFFICIER SUPERVISEUR : L'Expérience Métro Deux a été la première fois où nous avons eu un observateur aux côtés du passager. L'Agent Strahm a prêté attention aux moindres détails du comportement du membre du personnel de Classe D, a pris des échantillons de divers fluides et testé des organes, principalement le cœur et le cerveau, jusqu'à ce que l'homme devienne trop agressif pour être examiné. Il a également réalisé un excellent rapport de tous les événements objectifs et subjectifs. Étant donné que les examens physiques n'ont rien fourni de particulier, en dehors du fait que le sujet était au milieu d'une rupture nerveuse caractéristique, lesdites informations ont été placées dans le Document 342-D Alpha. Seules les informations les plus pertinentes ont été inclues ici.
Les deux hommes ont payé leur voyage, le prisonnier présentant le ticket. Il s'est immédiatement énervé et a dit à la personne acceptant son ticket : "Qu'est-ce que t'as dit, connard ? Tu me menaces ?" Il a rapidement été pressé en avant pour éviter un incident et a presque immédiatement été séparé de l'agent qui l'accompagnait par deux gardes de sécurité. L'Agent Strahm rapporte que les gardes semblaient en transe et ont tenté de le séparer de l'utilisateur, psalmodiant doucement : "Un à la fois s'il vous plaît." Cependant, il a réussi à se frayer un chemin en utilisant la force, bien qu'il ait été forcé d’assommer un des officiers qui tentait de s'interposer entre l'Agent Strahm et la porte.
À bord du train, l'utilisateur est devenu très calme : surprenant, étant donné qu'il était l'un de nos membres du personnel de Classe-D les plus violents. L'Agent Strahm a continué les tests et les entretiens jusqu'à ce que le prisonnier dise doucement : "Laissez-moi descendre de ce putain de train." L'Agent Strahm a dit qu'ils pourraient descendre après quelques heures de plus. À ce moment, l'utilisateur est devenu extrêmement agressif et a commencé à sauter de haut en bas, contre les murs et à se balancer sur les barres et les appuis, tout en hurlant comme un primate. L'Agent Strahm l'a assommé d'un coup à la tête avec sa matraque et l'a menotté à une barre. Pour dissiper les peurs des civils, il a présenté un badge disant qu'il était un capitaine de police américain et est retourné à ses analyses.
Les analyses physiques ont indiqué que le prisonnier était entré en phase de sommeil paradoxal après seulement trois minutes, ce qui est particulièrement inhabituel sur un sujet ayant été rendu inconscient. Après le réveil du sujet, l'Agent Strahm a pris la décision d'avorter l'expérience et a dit au Classe-D qu'il l'aiderait à descendre du métro aussi vite que possible, s'il coopérait. Le tenant fermement, ils ont tenté de partir, mais en ont été empêchés par la foule.
L'Agent Strahm a tenté de sortir une deuxième fois à l'arrêt suivant, prenant la précaution de tenir son badge et d'ordonner à tous les passagers de rester dans leur siège. Cependant, il a été empêché de sortir du véhicule par la foule montant à bord du train. L'Agent Strahm a rapporté que le prisonnier lui a presque été enlevé : il n'a pas été capable de déterminer par quels moyens, mais il a affirmé que "la main qui le tirait en arrière n'appartenait à aucun des passagers." Heureusement, l'Agent Strahm s'était menotté au sujet et a été capable de maintenir le contact avec le membre du personnel de Classe-D, bien que sa tentative de sortir du véhicule n'ait pas été fructueuse. Dès lors dans un état de panique, le prisonnier s'est accroché à l'agent tel un enfant effrayé, tellement fermement que Strahm a eu des bleus sur la poitrine et les bras pendant des jours, et a crié plusieurs fois que les menottes étaient en train de "glisser". Dans le chaos, le badge de l'Agent Strahm a été arraché de sa main et il a subi un coup sur le côté de la tête.
Pendant le voyage jusqu'au troisième arrêt, l'Agent Strahm, de façon très énervée, a interrogé les nouveaux passagers pour trouver qui l'avait frappé. Personne ne lui a donné d'indices ou d'indications et beaucoup sont devenu hystériques à la moindre question ou au moindre contact. Une femme a commencé à gémir quand l'Agent Strahm lui a attrapé l'épaule, bien qu'elle soit plus tard restée silencieuse lorsqu'il a commencé à la secouer vigoureusement. Les caméras de surveillance ont enregistré l'Agent Strahm projetant un passager masculin au sol et frappant un autre au visage tandis que le membre du personnel de Classe-D pleurait et s'accrochait à sa jambe. Du fait des circonstances extraordinaires, le Bureau d'Enquête a choisi de ne pas le réprimander pour son manque de contrôle.
L'Agent Strahm a effectué une troisième tentative de faire descendre le prisonnier du train, choisissant d'opter pour une approche coordonnée. En utilisant sa radio, il a communiqué avec les agents au niveau de l'arrêt suivant, malgré des difficultés dues à des interférences statiques. Étrangement, les deux côtés ont dit avoir entendu la personne parler d'une voix faible, ressemblant à celle d'un enfant effrayé, bien que les deux côtés aient rapporté avoir élevé la voix pour être entendu par-dessus les parasites.
C'est à ce moment que le prisonnier s'est mis à frapper la porte en criant de le laisser descendre du véhicule. L'Agent Strahm, bien que compatissant, a averti l'utilisateur qu'il lui administrerait un sédatif s'il continuait. Cela a semblé consterner le prisonnier plus que n'importe quoi d'autre : d'après l'Agent Strahm, il a déclaré : "Non, c'est comme ça que ça a commencé. Un voyage sombre et solitaire dans des parties inconnues de la campagne. Des voyageurs et des vagabonds. Les sans-attaches. Ils s'endormaient, avec une bouteille de bibine et mon dieu, quand ils se réveillaient, ils étaient toujours lancés. Toujours à bord. Vous ne comprenez pas ? Ils se réveillent et même s'ils ont dormi des heures, ils sont toujours à bord, on ne sait où…" Il a ensuite déclaré son intention de coopérer et s'est roulé en position fœtale, se balançant doucement.
À l'arrêt suivant, les Agents Macabyern, Cinulure, Smith et Jacobs (accompagnés du Dr Gunsther, le chef du projet) ont embarqué dans le métro et ont commencé à se frayer un chemin à travers la foule vers l'Agent Strahm et le sujet. Malgré des efforts pour intimider la foule, la progression a été difficile jusqu'à ce que l'Agent Smith ait tiré avec son arme dans le plafond et menacé d'utiliser la force létale. Le wagon du métro a été évacué de tous les autres passagers et un cordon protecteur a été placé autour du sujet. L'Agent Jacobs a ordonné au conducteur d'arrêter le métro ; quand le conducteur a semblé confus, il a ordonné que toute l'énergie alimentant le métro soit coupée. Des membres du personnel de la Fondation SCP, sous couvert d'être des officiers de l'Autorité des Transports, ont ensuite évacué l'entièreté du train, de la plateforme et de la station de tout civil.
Les Agents Strahm, Macabyern, Cinulure et Smith ainsi que le Dr Gunsther ont ensuite tenté de diriger le prisonnier hors du train. Malgré tous les efforts pour le diriger, l'amadouer et le forcer à descendre du train, aucun effort n'a été fructueux. L'Agent Strahm a cessé ses efforts après que le prisonnier a été menacé d'usage de la force létale par l'Agent Smith, criant aux autres agents "[qu']il ne se cramponne à rien, il n'y a une sorte de mur." Les autres agents ont semblé confus, affirmant que le sujet essayait malicieusement d'entraver la sortie en s'accrochant aux barres de support. Ils ont continué leurs tentatives jusqu'à ce qu'il leur soit fait remarquer de l'impossibilité que cela puisse arriver, étant donné que les deux mains du prisonnier étaient tenues par des agents à ce moment-là.
Dans un dernier effort désespéré pour extraire le sujet, les membres du personnel ont tenté de désassembler le métro autour de l'utilisateur en utilisant des chalumeaux et de l'équipement mécanique. L'Agent Strahm est resté avec le sujet, pendant que les autres sortaient afin d'aider les membres du personnel de la Fondation à se préparer. Alors que l'équipement était en cours de préparation et que tout le monde tournait le dos, les portes se sont fermées et le train a immédiatement démarré et a quitté le quai tout seul. Les agents n'ont pas réussi à le rattraper avant l'arrêt suivant et des passagers se sont immédiatement mis à monter, malgré l'ordre qu'ils avaient reçu de ne pas le faire.
L'Agent Strahm a plus tard été découvert étendu sur la plateforme du métro 8 kilomètres plus loin, dans un état comateux. L'un des côtés de ses menottes était toujours attaché à son poignet, mais l'autre était vide. Des traces de sang trouvées sur le métal ont été déterminées appartenir au sujet.
Addendum 342 E : Expérience Métro Trois : Possiblement en raison du traumatisme de sa perte du Sujet D-342-D, l'Agent Strahm s'est porté volontaire pour être le sujet de l'expérience suivante, déclarant que quelqu'un de mieux informé de nos termes et procédures pourrait fournir une meilleure communication. O5-07 a approuvé cela après avoir été longuement imploré par l'Agent Strahm. L'Agent Erin et le Dr Haber, tous deux de proches amis de l'Agent Strahm, l'ont accompagné pendant le voyage.
Le voyage dans le métro a débuté assez normalement, bien que le Dr Haber ait remarqué que les Agents Erin et Strahm aient semblé partager une compréhension plus profonde des phénomènes expérimentés par Strahm, peut-être du fait de leur forte amitié. L'empathie de l'Agent Erin a permis à l'Agent Strahm de rester cohérent et sain d'esprit pendant toute la durée du voyage et de parler calmement et rationnellement à propos d'événements provenant apparemment d'un autre monde, sans l'arrêt de ses fonctions linguistiques et mentales. Pour cette raison, cette expérience a été la plus utile et la plus enrichissante, et un rapport complet de la séquence d'événements expérimentée par l'Agent Strahm peut être trouvée dans la documentation jointe.
À noter : L'Agent Strahm n'a fait aucun effort pour quitter le métro ou même considérer la possibilité de le faire. Cette acceptation de son sort lui a peut-être permis d'éviter une souffrance mentale, comme observé dans le rapport suivant :
Dr Haber : … D'accord, nous avons ce qu'il nous faut. Maintenant essayons de te faire descendre de cette chose.
Strahm : Non.
Dr Haber : Pardon ?
Strahm : C'est trop risqué.
Erin : Nous pourrions être séparés ou blessés. On sait ce qu'il se passe à chaque fois. Quelque chose de mal. Je ne vais pas prendre ce risque.
Dr Haber : Mais il s'en sort si bien. Peut-être que c'est tout ce que c'est, un truc de volonté. Tu restes toi-même ; tu es calme, tu es posé, ça ne te contrôle pas. (excité) C'est ça ! Tout ce que ça requiert, c'est une forte volonté pour passer les portes…
Erin : S'il y a un test, il n'est pas ici, il est à la fin de tout. C'est là qu'il va avoir besoin de nous, de notre soutien. C'est là que ça va se produire.
Strahm : (silencieux)
Dr Haber : Écoutez, on ne peut pas juste le laisser… Voilà l'arrêt. Je propose qu'au moins on essaie… pour les résultats.
Strahm (sombrement) : T'auras tes résultats, d'accord, Doc…
(À ce moment les trois membres du personnel tentent de marcher jusqu'à la porte.)
Dr Haber : Mon Dieu !
Erin : Reculez !
C'est à ce moment qu'un homme sans-abri voyageant dans le train s'est jeté sur le Dr Haber depuis l'autre bout du wagon et a brisé son cou, avant de se faire tirer quatre fois dans la poitrine par l'Agent Erin. Les membres du personnel de la Fondation attendant à la plateforme suivante les ont rapidement évacués du train sur des brancards. Le vagabond est mort sur la route jusqu'à la base et, bien que transporté dans une ambulance extrêmement sécurisée, son corps a disparu en passant dans une partie abandonnée de la ville, précisément sous les ruines d'un pont ferroviaire.
L'Agent Erin a ordonné que le train soit évacué et a déclaré son intention de continuer l'expérience seul, restant avec Strahm. Des hallucinations ont suivi à mesure que le voyage progressait : l'Agent Erin a rapporté voir des ombres vacillantes et d'étranges phénomènes, tandis que Strahm a rapporté des hallucinations plus manifestes, y compris le visage de l'Agent Erin fondant pour révéler un monstre cornu au visage rouge, et le métal et les matériaux du train commençant à fondre comme de la cire, se moulant et se reformant étrangement. Erin a dit avoir trouvé extrêmement difficile de penser logiquement ou de se concentrer, mais il s'est obstiné à garder les pieds sur terre et à parler à un Strahm de plus en plus dérangé.
Cette expérience a conduit à l'élaboration de l'idée que l'utilisateur voyage dans deux trains différents : le premier, le véhicule en quatre dimensions de la réalité et le second, un soi-disant "train fantôme" qui se superpose au premier. Les deux trains se déplacent à la même vitesse, avec les passagers et le personnel percevant l'un ou l'autre à des degrés divers, jusqu'à ce que le train "réel" atteigne la fin de la ligne et cesse de bouger, tandis que le "train fantôme" continue. D'après l'Agent Erin, peu de temps après avoir atteint la fin de la ligne, l'Agent Strahm a commencé à doucement glisser vers l'avant du train, passant à travers des matériaux solides dans le processus. Lorsque cela a été porté à l'attention de l'Agent Strahm, celui-ci est devenu perturbé et a commencé à courir vers l'arrière du train. En arrivant à mi-chemin entre le troisième wagon et le dernier wagon, Strahm a commencé à frapper son poing contre l'air, déclarant qu'il était au bout du train, "il bouge, il quitte le quai de la station", et qu'il était incapable d'aller plus loin. L'Agent Erin a tenté d'arrêter la progression de l'Agent Strahm, mais a seulement réussi à le faire s'effondrer au sol. À ce moment, Strahm a rapidement accéléré vers l'avant du train, glissant sur le ventre. Des traces d'ongles ont plus tard été découvertes dans la moquette, là où il s'était accroché au sol dans une tentative désespérée d'arrêter sa progression. L'Agent Strahm est passé à travers la porte fermée de la cabine du conducteur et dans la cabine du conducteur, où il s'est immédiatement mis à hurler de terreur.
L'Agent Erin a déclaré qu'à ce moment, il a dégainé son arme de service et a tenté de supprimer ans souffrance l'Agent Strahm, mais a été incapable de le faire à travers le verre renforcé de la porte de la cabine du conducteur. Sa dernière observation rapportée de l'Agent Strahm déclare qu'il a vu "une créature, un peu comme une énorme araignée, mais portant une casquette de chauffeur, regardant par-dessus les leviers, enveloppant Jerry dans une toile comme un cocon et le jetant à travers la fenêtre, comme s'il n'était que de l'air." La créature s'est ensuite tournée vers l'Agent Erin et lui a ordonné de sortir du train. À ce moment, l'Agent Erin a perdu connaissance du fait de la terreur. Il a plus tard été retrouvé recroquevillé à l'arrière du train avec une arme avec un chargeur vide, continuant de tirer encore et encore jusqu'à ce que l'arme lui soit confisquée par des membres du personnel.
Addendum 342 F : Rapport Supplémentaire du Docteur Gunsther : Nous avons mis en scène plusieurs situations pour essayer de découvrir les contrôles, paramètres et déclencheurs de SCP-342. D'abord, nous avons utilisé un bus d'entreprise et un chauffeur travaillant pour notre organisation, ainsi que le prisonnier pour seul passager. Rien ne s'est produit, même si le ticket a été déchiré avant de monter. Nous avons tenté de nombreuses autres itérations du même principe : des prisonniers entrant dans un bus d'entreprise avec d'autres agents, chacun ayant aussi un ticket à présenter pour y gagner accès. Nous les avons fait parler de ça à voix haute et de manière claire et nous avons même refusé l'accès à l'un de nos agents parce qu'il n'avait pas de ticket. Pourtant, l'objet n'a pas changé pour ressembler à un ticket du système de transport fictif que nous avons créé.
Ensuite, nous avons fait monter des citoyens qui n'étaient pas au courant dans notre bus, en utilisant des tickets que nous avions auparavant distribués. Encore une fois, le ticket n'a pas changé et notre passager était capable de partir à tout moment. Nous avons ensuite remplacé notre chauffeur d'entreprise par des chauffeurs embauchés par des annonces de journaux. Les chauffeurs avaient l'air confiants dans un premiers temps et étaient excités au sujet des perspectives que nous leur offrions, mais lorsque le prisonnier montait à bord (que ce soit dans un bus vide ou plein), le chauffeur devenait soudainement perplexe et dépassé, disant que les contrôles de notre bus étaient trop avancés ou nouveaux pour lui, qu'il ne comprenait pas le tableau de bord, qu'il était "plus à l'aise dans son propre bus" et qu'il était incapable de conduire celui-ci, même si le même modèle de bus était utilisé. Les tentatives pour rafraîchir la mémoire du chauffeur au sujet de la façon de conduire le bus ont entraîné davantage d'échecs, jusqu'à ce que même le volant soit considéré comme "trop compliqué".
Après cet échec, il a été décidé d'autoriser les chauffeurs à utiliser leurs propres bus. En passant des marchés avec les entreprises et les départements publics, sous couvert d'une agence bureaucratique gouvernementale de niveau plus élevé, nous leur avons fait nous réserver un intervalle spécial où ils ne prendraient que le prisonnier et où ils s'arrêteraient. Bien que les patrons aient été d'accord avec cela, lorsque le moment est arrivé, les chauffeurs ont refusé de changer leur routine "pour des gratte-papiers à tête d'ampoule." Tous ont continué sur les routes prédéterminées, affirmant qu'ils étaient trop occupés ou n'avaient pas le temps ce jour-là pour emprunter des routes différentes juste parce que quelqu'un le leur avait ordonné.
Finalement, nous avons passé un marché avec un chauffeur nommé Bucky Folsworth : celui-ci prendrait notre passager sur sa route normale et n'échangerait sa place avec un autre chauffeur (l'un des membres de notre personnel) qu'à mi-chemin. Le chauffeur Folsworth s'est vu offrir une compensation considérable, a été prévenu qu'un échec résulterait en son licenciement, a reçu l'ordre de rester en contact avec nous en permanence par radio et de s'arrêter au cinquième arrêt, de garer le véhicule et de laisser un de nos agents monter pour conduire. Rétrospectivement, nous avons réalisé que le ticket nous attirait peut-être de plus en plus près du gouffre, en ne faisant rien dans des situations pourtant si proches, dans l'espoir que nous faisions une altération de plus qui nous ferait franchir la ligne et lui permettrait de devenir pleinement actif.
Lorsque le prisonnier s'est approché de l'arrêt de bus, le billet s'est transformé pour ressembler à un ticket de ce véhicule en particulier. Après avoir réalisé que cela serait un nouveau voyage sans retour, plusieurs membres de notre équipe ont préconisé la retenue et suggéré que nous devrions envoyer un Agent pour accompagner le prisonnier. Le consensus a été que nous ne voulions pas mettre en péril une situation fragile qui pourrait soudainement échouer au moindre contact. J'avouerais un échec personnel, ayant été titillé par la perspective que l'un des nôtres soit aux commandes du phénomène et par les données d'importance vitales qui pourraient être collectées.
Malheureusement, notre distraction et notre désir de ne pas interférer avec une chance importante, qui n'apparaîtrait peut-être qu'une fois dans une vie, n'a fait que damné une autre personne. Quand le chauffeur de bus est arrivé au cinquième arrêt, il a arrêté le véhicule comme ordonné. Toutefois, alors qu'il tentait de quitter son siège, les freins du véhicule ont lâché, autorisant le bus à accélérer le long de la côte, écrasant une petite fille traversant la rue sous ses roues. Au début, nous avons pensé qu'il s'agissait d'une tentative de SCP-342 de se déchaîner contre nous, pour nous être montrés plus malins et avoir gardé le prisonnier hors de ses griffes. Peu de temps après, nous avons réalisé que le fait important n'était pas que l'enfant soit mort, mais que le bus était toujours en mouvement et le Chauffeur Folsworth toujours aux commandes du véhicule.
Nous avons essayé de rentrer en communication avec Bucky, mais il a refusé de parler. Nous avons pensé que c'était peut-être parce qu'il se sentait coupable de la mort de l'enfant et qu'il avait peur d'être puni, nous avons donc essayé de le rassurer sur le fait que s'il s'arrêtait maintenant, il n'y aurait aucune répercussion. En réponse, nous avons obtenu le premier mot de sa bouche, un simple "Non." Nous savions que nous aurions à utiliser la force physique pour arrêter le bus. En mettant en place des barrages routiers et des herses, nous avons perforé deux des pneus et avons temporairement réussi à le faire basculer sur le côté. Cependant, il a quand même réussi à atteindre l'autoroute et à un moment, nous l'avons perdu lorsqu'il est allé sous la route. Lorsqu'il a été retrouvé, il était en excès de vitesse, allant au moins à 210 kilomètres par heure au milieu des embouteillages à contresens. À ce moment, il était un danger pour toute la population, pas seulement le prisonnier.
Nous avons dit aux forces de l'ordre locales de rester en retrait et l'avons pourchassé avec des voitures et des hélicoptères. La dernière déclaration que nous avons eue de lui a été, "Je ne vais pas me mettre sur le bas-côté. Je suis chauffeur, c'est ce que je fais. C'est ma raison d'être. J'ai pas besoin qu'on me remplace. Je peux l'emmener là où il va !" Après cela, il s'est élancé hors de l'autoroute dans le vide pendant environ 10 secondes, avant de s'écraser contre une autre voie en contrebas. Nous ne savons pas si cela était intentionnel ou non, puisqu'au même moment où il a tourné avec le véhicule et s'est dirigé vers les rails de manière oblique, une balle lui a été tirée dans la tête par un sniper aérien. D'après les rapports, le bus a frappé le sol et a explosé dans une déflagration flamboyante. Il n'y a eu aucun survivant et de nombreux corps n'ont jamais été découverts ou ont été portés disparus.
Un témoignage d'une passante (une femme de 26 ans qui conduisait dans la voie adjacente, qui a été suspendue la tête en bas par sa ceinture et a souffert d'un coup à la tête du fait de l'incident) est particulièrement intéressant. Elle déclare qu'elle a vu un second bus identique s'élever de la fumée et se garer à côté de l'épave. Il a ouvert ses portes avec un grand bruit mécanique et a attendu là quelques secondes, jusqu'à ce qu'hors des flammes émerge une silhouette solitaire embrasée de la forme d'un corps humain. Elle a dit que le corps été entré dans le bus et s'était assis, puis que le bus s'en était ensuite allé, navigant doucement parmi les décombres avant de disparaître.
Nous avons réessayé les mêmes paramètres (vrai véhicule, vrais passagers, vrai conducteur qui sait ce qu'il se passe et est en contact) trois fois de plus, mais avec des trains cette fois-ci. Nous avons aussi stationné des agents dans le train à chaque fois. Cependant, la même confusion a eu lieu encore et encore : les prisonniers montaient inexplicablement dans le mauvais train (non-sécurisé), même si celui qui devait être emprunté était clair. D'une façon ou d'une autre, ils se retrouvaient désorientés dans la foule et entraient dans le mauvais train, sans membre du personnel, sécurité ou équipement spécial à bord. Le rapport du Dr Haber, mon assistant (à la suite de sa récupération après son accident précédent) :
Dr Haber : D'accord, alors vous allez monter dans ce train là-bas.
Prisonnier : Ok.
Dr Haber : Présentez juste votre billet et montez. Il y aura un homme en costume noir qui vous attendra vers la fin.
Prisonnier : C'est bon, j'ai compris !
Dr Haber : D'accord, allez-y… Non ! Sur votre gauche !
Dr Rubert : Ne montez pas ! Stop !
Dr Haber : Putain !
Dr Rubert : Bordel ! Paquet perdu… Fais chier ! Putain de fils de…
Agent Ogel : Bordel, bande de cons, vous étiez censé le SUIVRE ! Qu'est-ce que vous foutiez !?
Dr Haber : C'ÉTAIT le cas, on a juste perdu… merde merde merde…
Dr Rubert : Quelle perte stupide.
Addendum 342 G : Ordre d'Arrêt des Expérimentations : D'une façon ou d'une autre lors de l’expérimentation précédente, le Dr Haber a coincé son cou dans les portes en tentant d'aider l'un des sujets à sortir du train. Alors que le train quittait la station, il a été décapité lorsqu'il a passé un rebord de pierre saillant. En raison de cette perte des autres victimes ne servant à rien qu'entraîne chaque expérience (un sujet de test par expérience), nous avons décidé d'arrêté nos recherches. O5-08, sous notre insistance, a invoqué le Statut 62, ce qui signifie qu'aucune autre équipe ne peut effectuer de tests sur l'objet sans notre permission ou la décision des douze Superviseurs. Nous avons décidé d'accorder notre permission s'ils viennent avec une idée de test innovante, une qui n'a pas déjà été faite, puisque les expériences habituelles ne font que gâcher des vies et ne nous apportent aucune information additionnelle.
En lien avec cela, quelques civils ont fait le buzz avec une apparition : plus spécifiquement, une sorte de spectre sur les systèmes ferroviaires qui transporte un paquet mystérieux sur ses genoux en voyageant à bord des trains, approximativement de la taille d'une tête humaine. Nous avons interrogé quelques témoins, mais aucune quantité d'hypnose ou de drogue ne leur a permis de nous donner une description du visage de l'apparition, apparemment obscurci par les ténèbres, ou même ce qui se trouvait au-dessus des épaules.
Addendum 342 H : Extrait du Journal Personnel du Dr Gunsther : Le Docteur Joahnes Getrim a disparu de sa maison aujourd'hui. Finalement, il n'y a pas d’échappatoire.
Il y a un an, nous avons tenté une expérience où le ticket serait déchiré mais où le voyageur ne monterait pas à bord. Le Docteur Getrim a décidé d'être celui qui tendrait le ticket et tout de suite après le tendrait à un agent et partirait vers une zone de protection sur-site, gardant un journal de ses expériences. Le journal (attaché au dossier) parle d'anxiété sévère, de névrose et de paranoïa. Il avait une peur implacable des routes et passait souvent la nuit sur-site pour ne pas avoir à partir.
Après quelques semaines sans quitter son travail et à souffrir des résultats mentaux et physiques de cela, il a été envoyé vers un psychologue pour examen. Il a parlé de ses recherches et a demandé à être mis en quarantaine, pour sa sécurité et celle des autres, mais la façon dont il a plaidé sa cause lui a mis beaucoup de gens à dos, et a propagé une vague de dégoût vis-à-vis de ses bouffonneries pathétiques parmi ses collègues. Sa stratégie s'est retournée contre lui, et à la place, il a simplement été dirigé vers un petit projet n'impliquant même pas directement des objets SCP.
Le groupe entier devenait de plus en plus exaspéré de lui : il arrivait en retard, transpirait à profusion et avait l'air débraillé parce qu'il avait marché la journée entière, refusait d'aller sur le terrain si cela impliquait d'y aller en transports en commun. Il exaspérait en particulier en raison de son habitude de demander à se faire raccompagner chez lui, à la fois pour des raisons personnelles et parce que sa voiture (une Mercedes flambant neuve) tombait perpétuellement en panne sur le chemin de sa maison. Après avoir attaqué un dépanneur avec sa propre clé pour lui avoir dit de prendre un bus pour rentrer chez lui, il a été suspendu pour un temps indéterminé et confiné en résidence surveillée.
Ce matin, des traces de pneu épaisses ont été trouvées dans la rue de la banlieue où il vit. Il a été porté disparu par sa femme, qui se souvient l'avoir entendu dire, "Bon, je suppose qu'il est temps d'y aller." Les voisins ont rapporté avoir été réveillés par le son bruyant d'une porte s'ouvrant et celui d'un gros véhicule s'en allant. Une mallette, pleine de ses vêtements, a été trouvée sur le bas-côté. Avait-il finalement accepté son sort suffisamment pour faire ses affaires ? Dans tous les cas, il n'en a apparemment pas besoin là où il va.
Addendum : L'Œil de 342 : Extrait du Journal Personnel du Dr Clef : Au risque de sonner mélodramatique, SCP-342 a finalement eu raison de son plus vieil ennemi juré.
Il y a trois jours, le Dr Gunsther et moi parcourions ses anciens dossiers pour archivage, lorsqu'il a trouvé le dossier de SCP-342. Gunsther a retiré 342 de son enveloppe et l'a posé sur son bureau tandis que nous discutions de l'histoire de l'objet, ainsi que de ses propres regrets quant au nombre de vies perdues sans raison au cours des recherches sur ce projet.
Notre discussion a été interrompue par le fait que nous avions pris rendez-vous pour voir une représentation de "Repo! The Genetic Opera", avec les Docteurs Rights et Kondraki, plus tard dans la soirée. J'ai remarqué que le Dr Gunsther était devenu assez perturbé peu de temps après avoir présenté son ticket à la porte et qu'il m'avait demandé de partir devant et de garder un siège pour lui. Il est arrivé peu de temps après et s'est assis à côté de nous, bien qu'il ait semblé extrêmement préoccupé et secoué pendant le spectacle. Du fait du sujet, j'ai pensé qu'il s'agissait d'une réaction normale aux pitreries sur scène.
Après cela, tandis que Kondraki, Rights et moi discutions de nous retirer dans un bar pour quelques verres, le Docteur Gunsther a déclaré qu'il était temps pour lui de partir. Me tendant une enveloppe et m'avertissant de la garder en sécurité, il m'a remercié pour cette soirée splendide et m'a souhaité le meilleur pour mes futurs efforts. Il est ensuite monté à bord d'un taxi, qui a accéléré inhabituellement rapidement dans la nuit. En ouvrant l'enveloppe, j'ai remarqué qu'il y avait deux tickets identiques pour sa place pour la comédie musicale, l'un d’eux se transformant rapidement en un billet de vingt dollars alors que nous nous approchions d'un bar tendance avec une entrée à vingt dollars.
Réalisant ce qui s'était produit, je suis rapidement retourné à l'endroit où le Dr Gunsther était monté à bord du taxi et j'ai descendu en courant la rue que le taxi avait prise, suivi de près par mes collègues confus. Il s'est avéré que celle-ci était une ruelle se terminant par un mur de briques au bout de quinze mètres. Aucune trace du Dr Gunsther n'a été notée depuis.
Je pense personnellement que SCP-342 a pris la forme du ticket du Dr Gunsther pour la comédie musicale, s'est fait valider à la porte et l'a donc condamné au même sort que les autres victimes. Le Dr Gunsther, en ouvrant son porte-monnaie pour acheter une boisson, a réalisé ce qu'il s'était passé et est retourné à la porte pour récupérer SCP-342. Étant donné l'histoire meurtrière de cet objet SCP, il a dû prendre la décision de ne pas nous informer de l'incident, nous gardant ignorants et en sécurité pour le moment.
Quand je pense à la quantité de détermination mentale qu'il a dû lui falloir pour rester calme pendant la comédie musicale, connaissant son sort inévitable, je suis frappé par un sentiment de perte suite à la disparition d'un atout inestimable pour la Fondation. Pour cette raison, je demande que ce dossier soit définitivement scellé et qu'aucune nouvelle expérience ne soit menée sur cet objet.
Un développement dérangeant : les rapports précédents indiquaient que SCP-342 ne pouvait seulement prendre la forme d'un billet pour une forme de transport en commun, alors que dans ce cas, il a pris la forme d'un ticket pour une pièce de théâtre. Je comprends qu'il existe un groupe dans la Fondation qui cherche à recommencer les expériences sur cet objet à la lumière de ces nouveaux développements. Des mises à jour seront effectuées lorsque les événements le justifieront.